Les indicateurs de l’emploi, publiés à la fin de la semaine dernière, ont montré une réduction du taux de chômage de 20 points de base à 16,0%. La baisse provient d’une meilleure employabilité des femmes, qui ont vu leur taux de chômage passer de 22,0% au premier trimestre 2024 à 21,3% trois mois plus tard. C’est le meilleur taux sur une année glissante. Le chômage chez les hommes est resté stable à 13,6%.
Globalement, l’économie tunisienne offre de l’emploi à 3 484 400 personnes, inférieur aux 3 566 000 postes enregistrés fin mars 2020. Nous traînons encore l’impact de la crise sanitaire, puisqu’il y a 81 600 opportunités de travail qui n’existent plus. Encore une fois, les femmes affichent une meilleure capacité d’adaptation que les hommes. Entre mars 2020 et juin 2024, la création nette d’emplois a totalisé 64 500 postes pour la gent féminine, dépassant pour la première fois le seuil d’un million de femmes qui travaillent (1 014 500 postes). Quant aux hommes, ils ont perdu sur la même période 145 100 postes.
L’interprétation de ces chiffres doit se faire avec la plus grande attention, car ce n’est pas nécessairement positif. Il est vrai que les diplômés des universités sont majoritairement des femmes. D’ailleurs, le taux de chômage parmi les femmes diplômées de l’enseignement supérieur s’est établi à 30,6%, en nette baisse par rapport aux 38,3% enregistrés fin mars 2020. Néanmoins, il faut tenir compte de la pression sociale exercée sur les ménages, à cause du chômage des hommes. Dans plusieurs cas, la femme a quitté le foyer pour rejoindre la vie active à cause de l’incapacité du chef de famille à retrouver un emploi. Souvent, ce travail se caractérise par des conditions difficiles, et nous sommes en train de les observer dans notre vie quotidienne.
Reste à rappeler qu’avoir 661 700 personnes sans emploi, avec un taux de chômage de 41,0% parmi les 15-24 ans, est une bombe sociale. Cela nous donne un tableau noir et un gisement de criminalité potentielle. Nous précisons encore que depuis le quatrième trimestre 2021, il y a eu un changement radical, avec un taux de chômage des jeunes moins élevé parmi les femmes que parmi les hommes. L’écart est de 240 points de base, bien que la situation des deux sexes demeure lamentable.