Comme attendu depuis des mois, l’encours de la dette publique libellé en dinar a officiellement dépassé celui en devises étrangères. Fin juin 2024, la dette extérieure a totalisé 62 242,6 Mtnd contre 65 108,2 Mtnd pour celle interne. Pour comprendre l’importance du changement, il faut se rappeler que, fin 2020, les chiffres étaient, respectivement, de 31 753,8 et 62 286,5 Mtnd.
Cette tendance traduit une grande accélération de prêt d’argent sur un marché local qui a montré une grande capacité de réponse. Même les agences de notation ont fini par le reconnaître. Sur le premier semestre, le Trésor a levé 11 166,7 Mtnd, plus que ce qui a été mobilisé sur une année complète jusqu’en 2022. Même les chiffres de 2023 seraient déjà dépassés à ce stade puisque les emprunts intérieurs de 2023 ont atteint 13 245 Mtnd. Probablement, nous allons nous rapprocher de la barre symbolique des 20 000 Mtnd d’ici à la fin de l’année, une première dans l’histoire financière du pays.
À noter qu’il y a 4 000 Mtnd de prêts locaux qui figurent dans la rubrique “Autres emprunts intérieurs”, qui correspondraient, en partie, au financement direct auprès de la BCT. Ainsi, sur le premier semestre, le Trésor a utilisé, au maximum, 4 milliards de dinars des 7 milliards à sa disposition.
En même temps, sur le front de la dette externe, seuls 1 097 Mtnd ont été mobilisés, sur les 16 445 Mtnd programmés. L’appui budgétaire n’est que de 14,1 Mtnd. Ce qui a pu être obtenu entre dans le cadre des emprunts extérieurs affectés aux projets de l’État (961,1 Mtnd) et des ressources rétrocédées aux entreprises publiques (121,9 Mtnd). Il est clair qu’il y a un embargo financier sur la Tunisie en ce qui concerne le financement du déficit budgétaire. Nous pensons que c’est un moyen de faire pression pour que le Palais de Carthage montre un peu plus de flexibilité dans certains sujets, notamment ceux liés à l’immigration. Toutefois, c’est loin d’être obtenu puisque le slogan de la période est tout simplement “compter sur soi”.
Se désendetter sur le front externe demeure un point positif, mais il faut accepter de payer le prix sous la forme d’une faible croissance. Avec les moyens du bord, l’État ne peut pas assurer un service de dette élevé, un rôle social grandissant et une masse salariale lourde.