Le Conseil d’Administration de la Banque Centrale de Tunisie s’est réuni le 31 juillet 2024 et a examiné les derniers développements économiques et financiers à l’échelle nationale et internationale. Il a passé, également, en revue l’évolution de l’activité bancaire en 2023 et au cours du premier semestre 2024 sur les plans du financement de l’économie et de la mobilisation de l’épargne, ainsi que la solidité financière et les défis à relever par le secteur bancaire au cours des prochaines années.
Au niveau des prix à la consommation, et après avoir marqué une pause au mois de mai 2024 (7,2% en glissement annuel), le taux d’inflation a légèrement augmenté pour atteindre 7,3% en juin 2024 contre 9,3% une année auparavant, en raison de l’accélération des prix des produits alimentaires frais. Quant à la mesure de l’inflation sous-jacente « hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés », elle a poursuivi sa trajectoire baissière revenant de 7,3% au mois de mai à 7,2% en juin 2024.
Au niveau du secteur extérieur, le Conseil note la poursuite de la contraction du déficit courant au premier semestre de l’année 2024 revenant à -2.388 MDT (ou -1,4% du PIB), contre -3.164 MDT (ou -2% du PIB) une année auparavant. Cette évolution est attribuable notamment à l’atténuation du déficit commercial (FOB-CAF) de 7,7% pour être ramené à -8.017 MDT et ce, en dépit de la dégradation de la balance énergétique dont le déficit s’est situé à -5.794 MDT au terme des six premiers mois de l’année en cours. Parallèlement les recettes touristiques et les revenus des travailleurs tunisiens à l’étranger se sont consolidés de 6,6% et 7,2% respectivement.
A la date du 30 juillet 2024, les avoirs nets en devises se sont élevés à 24.500 MDT (111 jours d’importation) contre 23.250 MDT (101 jours d’importation) une année auparavant. Dans ce contexte, le Conseil a examiné les voies disponibles permettant de consolider davantage le stock de réserves.
Sur le plan des financements bancaires, le Conseil a exprimé sa préoccupation quant au ralentissement de l’évolution des crédits à l’économie, au cours de l’année 2023 et du premier semestre 2024, qui a concerné essentiellement les crédits dispensés aux petites et moyennes entreprises (PME) et aux particuliers en lien avec le contexte économique et la poursuite des pressions inflationnistes. Le Conseil a souligné la nécessité de coordonner les efforts de toutes les parties prenantes pour soutenir les entreprises, assurer leur viabilité et préserver les emplois.
Parallèlement, le Conseil a noté l’évolution positive du rôle du secteur bancaire dans la mobilisation des dépôts qui ont continué à progresser au même rythme observé durant les années antérieures ; soit 8% en moyenne, et ce, à la faveur du relèvement par la BCT du taux de rémunération de l’épargne à trois reprises en 2022 et 2023. Cette situation conjuguée au ralentissement de l’évolution des crédits a contribué à l’amélioration de la situation de la liquidité bancaire.
Par ailleurs, le secteur bancaire a poursuivi ses efforts en matière de renforcement de sa solidité financière et de la couverture des risques comme en témoigne la progression continue du ratio de solvabilité global du secteur qui a dépassé le niveau de 14% (pour un ratio réglementaire de 10%), et ce, grâce à l’amélioration de ses indicateurs de performance et des mesures proactives décidées par la BCT depuis la crise du COVID-19 pour encadrer les politiques de distribution de dividendes. Ce processus n’a pas manqué de consolider les conditions de stabilité financière et de renforcer la capacité des banques à faire face aux pressions engendrées par le regain de la montée de la part des créances classées à partir de 2023 et les défis liés à la problématique du changement climatique.
Le Conseil invite les services de la BCT à parachever dans les meilleurs délais, le processus d’adaptation du cadre prudentiel pour converger progressivement aux standards internationaux et à assurer l’intégration de la dimension environnementale et de la finance verte dans la gouvernance et les pratiques de financement bancaire.
Le Conseil considère qu’actuellement la priorité doit être accordée à la consolidation du processus désinflationniste et à la préservation de la stabilité macroéconomique et financière. Il décide de maintenir le taux directeur de la Banque Centrale de Tunisie inchangé à 8%.