Les six premiers mois de 2024 ont été marqués par l’absence totale des opérations de haut de bilan par les sociétés cotées à la BVMT. Aucune augmentation de capital en numéraire n’a été enregistrée, ce qui pose encore des questions sur la stratégie des entreprises tunisiennes à faire appel au marché financier pour assurer leur développement. Une seule opération d’incorporation de réserves a eu lieu, celle de la SFBT, pour 20,625 Mtnd.
Pour les autres sociétés faisant appel public à l’épargne, la situation n’est pas meilleure. Une seule recapitalisation de 6,044 Mtnd a eu lieu en six mois, celle de la société d’assurances El Amana Takaful. La Banque de financement des petites et moyennes entreprises a eu recours à un coup d’accordéon, réduisant son capital de 90 Mtnd et l’augmentant de 59,060 Mtnd par compensation de créances.
En tout, il n’y a pas de nouvelles liquidités injectées dans ces entreprises, supposées être la locomotive de l’économie tunisienne. C’est intrigant, du moment que la majorité absolue d’entre elles sont sous-capitalisées. Outre le secteur financier qui est réglementé et obligé de respecter des normes prudentielles bien définies, le reste du tissu économique fonctionne avec le minimum syndical de fonds propres.
Et même au niveau des émissions de dettes, rien de spécial n’a été remarqué. Sur ces derniers mois, ce sont les institutions de microfinance qui sont en train de prendre la relève sur un marché obligataire qui n’accepte plus que des taux à deux chiffres.
À quoi peut conduire cette situation? Tout simplement à une absence d’investissement et de création d’emplois. Depuis quelques années, les sociétés sont en train de piocher dans la structure de leurs coûts, cherchant à les réduire au maximum. Et comme cela passe par une variabilisation des dépenses, quelque chose de très compliqué ici, la rentabilité est devenue une affaire d’effet prix et non de volume. Une inflation élevée est devenue, inconsciemment, une condition pour soutenir les revenus. Mais attention, le point d’inflexion se rapproche et la consommation commence à broyer du noir.