Une bonne partie de la classe politique et la majorité absolue des Tunisiens sur les réseaux sociaux ne cessent d’attaquer la Banque centrale de Tunisie et l’accuser de favoriser l’intérêt des banques à celui de l’État. Néanmoins, elles oublient de jeter un coup d’œil sur les états financiers de l’institution d’émission. Cette année, l’État a bénéficié d’un dividende record, jamais distribué en Tunisie par une entité économique au titre d’une seule année, soit 1 054,762 Mtnd. À notre meilleure connaissance, c’est également une première dans l’histoire des participations publiques. Ces bénéfices sont l’autre facette de ne sont autres que le résultat du resserrement de la politique monétaire et de l’activité du Trésor sur le marché de la dette interne.
Ainsi, l’État a pu récupérer 47,9% de ce qu’il a payé au titre des intérêts sur son endettement interne durant 2023. Si nous tenons compte aussi du fait qu’il applique une retenue à la source de 20%, nous constatons qu’en net, la charge financière des prêts locaux n’a réellement coûté que 704,518 Mtnd l’année dernière. Ce n’est pas un jeu totalement nul, mais l’impact réel sur la trésorerie publique est beaucoup moins important qu’on le pense.
Pour rappel, ce dividende représente l’essentiel de ce que l’État compte dégager de toutes ses participations. Dans la loi de finances 2024, l’objectif tracé s’élève à 1 260 millions de dinars et grâce à la contribution de la BCT, cet objectif sera largement dépassé.
En tout, sur la période 2011-2023, la BCT a distribué à l’État des dividendes totaux de 5 393,984 Mtnd, faisant d’elle la plus grande entreprise en Tunisie.
Ceux qui sont contre le système actuel doivent également prendre en compte un deuxième élément dans l’équation lorsqu’ils évaluent ses vertus et ses défauts. Les banques commerciales, qui sont en train de gagner de l’argent, sont également les premières contributrices à l’impôt sur les sociétés. À chaque fois qu’il y a eu une crise, ce sont ces établissements qui ont supporté un impôt additionnel exceptionnel, ce qui sera le cas cette année également. Appeler donc à choquer tout un système, sans penser aux conséquences en termes de flux financiers, n’a aucun sens. Certes, il y a des axes pour améliorer le rendement des banques et la gestion publique, mais cela ne peut se faire que progressivement et avec l’engagement des parties prenantes.