Lors de l’évènement Fita 2024, Olivier Stoullig, responsable de la politique industrielle à la Banque africaine de développement (BAD), a exposé les approches intégrées nécessaires pour stimuler le développement industriel en Afrique.
Stoullig a souligné que l’industrialisation nécessite une approche globale et cohérente, combinant diverses politiques et impliquant plusieurs acteurs, notamment les financiers. Cette perspective souligne l’importance d’une synergie entre les secteurs public et privé pour réussir ce vaste projet.
L’Afrique est un continent aux réalités variées, ce qui se reflète dans les différentes stratégies industrielles adoptées par les États. Certains pays favorisent les PME, tandis que d’autres soutiennent les grands groupes industriels ou se concentrent sur des filières spécifiques. Stoullig a mentionné le cas du Gabon, qui se focalise sur certaines industries, illustrant la diversité des approches nationales.
Le constat est sans appel: l’Afrique demeure en retard sur le plan industriel à l’échelle mondiale. En 2023, le continent ne représentait que moins de 2% de la production manufacturière mondiale. Olivier Stoullig a rappelé que la part de la valeur manufacturière dans le PIB africain est passée de 17% en 2000 à seulement 12,4% en 2023, bien en dessous de la moyenne mondiale de 16%.
Cette stagnation s’explique par divers facteurs, notamment un manque de capacités endogènes et une dépendance excessive à la production étrangère, exacerbée par les crises récentes. «Les crises récentes ont souligné l’urgence de développer le secteur manufacturier pour réduire les vulnérabilités créées par cette dépendance,» a-t-il ajouté.
Depuis sa création, la BAD s’efforce de contribuer à l’industrialisation du continent. En 2016, un changement stratégique a positionné l’industrialisation comme l’un des cinq principaux piliers de la BAD. Cette stratégie s’articule autour de six programmes phares, incluant le développement de politiques industrielles, le financement de projets d’infrastructure, et la création de clusters et de zones économiques spéciales.
Ces initiatives visent à renforcer la compétitivité des chaînes de valeur, développer les zones industrielles et encourager les partenariats public-privé. Cependant, Stoullig a reconnu que le financement reste un défi majeur, nécessitant des investissements substantiels pour lesquels les pays africains manquent souvent de ressources.
Pour pallier ce manque de financements, la BAD propose une série d’instruments financiers destinés à un large éventail de bénéficiaires. Ces instruments incluent le financement de grands groupes par le biais de guichets privés, le soutien aux infrastructures industrielles via des guichets souverains, et l’aide aux PME par des prêts rétrocédés à travers les institutions bancaires locales. «Il n’y a pas une solution unique, mais une approche holistique est nécessaire pour avoir un impact significatif sur le continent», a conclu Stoullig.