La Banque centrale sud-africaine a tiré la sonnette d’alarme hier. Selon ses calculs, la croissance économique du pays pourrait être sérieusement freinée si des taxes sur le carbone étaient imposées à grande échelle sur ses exportations.
La South African Reserve Bank a déclaré que l’impact pourrait même atteindre 10,1% des exportations et 9,3% du PIB en 2050 dans le pire des scénarios, où les taxes sur le carbone sont imposées à toutes les exportations par tous les partenaires commerciaux. En particulier, il y a le nouveau mécanisme d’ajustement frontalier pour le carbone de l’Union européenne qui est en train d’être mis en place progressivement. Ce mécanisme est conçu pour protéger la compétitivité de l’UE et fixer un prix équitable pour les émissions utilisées dans la production des biens qu’elle importe. L’UE commencera à imposer des paiements à partir de 2026.
À l’heure actuelle, il affecte principalement le secteur minier de la première économie africaine. Si les choses restaient en l’état, les exportations vers l’UE diminueraient de 4% en 2030, ce qui réduirait le produit intérieur brut de 0,02%. Mais si le mécanisme de l’UE était étendu à toutes les exportations sud-africaines et s’il était adopté par d’autres pays, notant que les États-Unis, le Canada et le Japon envisagent également de telles propositions, l’impact serait beaucoup plus sévère. Les effets sur l’emploi sont également importants: 350 000 emplois sont perdus d’ici à 2050, et ce chiffre passera à 2,6 millions si toutes les exportations sont soumises à une taxe carbone.
La Banque considère que ces risques devraient consolider les efforts de transition vers une économie plus verte, notant que si l’Afrique du Sud ne contribue qu’à hauteur de 1% aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, l’intensité en carbone de son économie est la plus élevée de tous les pays du G20. Elle produit environ 80% de son électricité à partir du charbon.
L’idée proposée est d’augmenter les taxes locales sur le carbone et l’utilisation efficace de ces recettes fiscales supplémentaires peut accélérer la transition verte et positionner l’Afrique du Sud en tant que producteur vert. Pretoria négocie des exemptions, mais les risques pourraient encore émerger de l’évolution des sentiments des consommateurs ou si d’autres rivaux commerciaux s’adaptent plus rapidement aux taxes frontalières sur le carbone.
Bien que la Tunisie soit aussi concernée par ces soucis, surtout que plus de 70% de nos exportations sont absorbées par l’Union européenne, nous n’avons pas d’études qui quantifient ce risque. À première vue, cela est significatif, notamment en ce qui concerne le textile. Il faut agir rapidement, surtout côté financement. Il y a une plus grande conscience de la part des bailleurs de fonds, mais les entreprises doivent aussi réagir et proposer des pistes sérieuses pour basculer vers un mode de production plus respectueux de l’environnement.