La Bourse de Tunis est dominée par les investisseurs individuels. Jusqu’à hier, ces derniers ont assuré 70,7% du volume hors transactions de blocs. En même temps, ils sont logiquement influencés par les stratégies des institutionnels qui suivent des stratégies plus rationnelles et qui sont peu sensibles aux événements courants. Parmi cette classe d’investisseurs, il y a les gestionnaires d’actifs, à l’instar de la SPDIT-Sicaf. Dans son rapport annuel présenté lors de sa dernière Assemblée générale ordinaire, la société a présenté les grandes lignes de sa stratégie pour 2024 ainsi que ses attentes pour l’exercice boursier en cours.
Historiquement, la SPDIT-Sicaf a toujours suivi une politique prudente, l’un des éléments qui lui ont permis la réalisation de bénéfices en hausse récurrente. Mais cette embellie «peut cacher le manque de visibilité et de confiance qui plane sur le domaine économique et financier». Le Tunindex a, effectivement, décéléré en 2023 par rapport à 2022 et début 2024 a été difficile (-4,43% jusqu’au 8 février 2024). La situation économique du pays, peu florissante, n’est plus un secret, ce qui exige une dose supplémentaire de prudence.
En particulier, et concernant les banques, le financement direct du Trésor par la Banque centrale risque d’impacter négativement les résultats futurs des banques, qui renflouaient les caisses de l’État en souscrivant régulièrement aux bons du Trésor à des taux très élevés. En perdant cette manne, «leurs résultats pour 2024 vont inéluctablement baisser, et on estime que cette baisse tournera autour de 20%».
La SPDIT-Sicaf est donc bien sceptique quant aux perspectives d’un secteur qui représente le premier déterminant de la tendance de l’indice de la Bourse de Tunis. Le gestionnaire d’actifs n’a pas caché son intention d’alléger ses engagements dans les valeurs bancaires, ce qui est une continuité de ses interventions sur le marché depuis le dernier trimestre 2023. D’ailleurs, sur le premier trimestre, les plus-values de cession des actions cotées se sont élevées à 5,300 Mtnd contre 0,158 Mtnd seulement sur la même période de l’année d’avant.
Rappelons que la filiale de la SFBT détient des participations dans l’ATB, la BIAT, la Banque de Tunisie, BH Bank, Attijari Bank, BNA Bank et la STB. Ces positions ont coûté, fin 2023, 10,694 Mtnd, mais présentent un réservoir de plus-values latentes de 30,186 Mtnd à la même date.
De notre côté, nous pensons que les banques vont parvenir à mieux tirer leur épingle du jeu. Le financement monétaire n’a pas empêché le Trésor de continuer normalement ses opérations sur le marché de la dette locale. Les deux premières opérations de l’Emprunt obligataire national ont permis de lever des montants record, et l’objectif de l’année est quasiment atteint à mi-chemin. Même si les résultats sont atteints, l’effet sera à un seul chiffre. Dans tous les cas, nous conseillons vivement de se positionner sur la SPDIT-Sicaf qui pourrait signer l’un des meilleurs exercices de son histoire en 2024.