Le rapport de la Banque mondiale sur la région Mena met en évidence une préoccupation croissante: l’endettement des pays importateurs de pétrole tels que la Cisjordanie et Gaza, Djibouti, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie. Avant la pandémie, la dette publique avait déjà augmenté dans les “pays émergents et pays en développement” (PEPD), passant de 40% à près de 60% du PIB. La crise sanitaire a agi comme un catalyseur de cette spirale, en provoquant une chute des recettes et une flambée des dépenses, créant ainsi des besoins de financement accrus pour de nombreux États de la région. Les pays importateurs de pétrole se retrouvent ainsi avec des ratios dette/PIB bien plus élevés que leurs homologues exportateurs dans la même zone géographique. Selon le rapport, cette dette entraîne des effets néfastes tels que la répulsion des investissements privés, l’alourdissement des coûts d’emprunt, la réduction des marges de manœuvre budgétaires et l’atténuation des effets positifs des politiques fiscales.
Malgré les efforts déployés pour stimuler la croissance ou contrôler l’inflation, les pays importateurs de pétrole de la région Mena se trouvent dans une impasse: ni de “se désendetter par la croissance” ni de “se désendetter par l’inflation”.
Les deux scénarios de désendettement évoqués par le rapport, à savoir la croissance économique et l’inflation, semblent hors de portée dans le contexte actuel.
Cette situation révèle les multiples défis auxquels font face ces économies, incapables de se désendetter ni par la croissance ni par l’inflation. Les tentatives pour dynamiser la croissance ou maîtriser l’inflation se sont souvent heurtées à l’augmentation nominale de la dette et à d’autres facteurs externes qui ont annihilé tout espoir de réduction du ratio dette/PIB. Les fluctuations des taux de change, les dépenses non budgétaires et d’autres éléments exogènes ont également joué un rôle crucial dans l’équation de la dette de ces pays.
La marge de manœuvre des pays importateurs de pétrole de la région Mena face à des menaces économiques majeures est mince. Leur incapacité à réduire leur dette malgré une décennie de croissance économique est alarmante, d’autant plus que la dissimulation de la vulnérabilité à la dette à travers des dépenses non budgétaires complexifie l’évaluation de leur santé financière réelle. Il devient donc impératif d’adopter des politiques de rigueur budgétaire et de renforcer la transparence des données financières pour apaiser les incertitudes économiques qui planent sur la région Mena.