Depuis quelques mois, le débat sur les banques publiques et le rôle qu’elles devraient assumer dans l’économie nationale s’est installé. Elles sont accusées de soutenir les opérateurs privés, même à travers des crédits non suffisamment couverts par des garanties, alors que les entreprises publiques ne trouvent pas le même niveau d’appui financier.
Les chiffres montrent que la réalité est différente. Nous avons un exemple concret grâce à la BH Bank, le premier établissement de crédit public à divulguer ses états financiers pour l’exercice 2023.
Les engagements de la banque envers les entreprises publiques ont totalisé, fin 2023, 2 188,965 Mtnd. Par rapport aux créances brutes totales accordées par la BH Bank, qui sont de l’ordre de 13 340,451 Mtnd, la part des entreprises publiques est de 16,4%. N’oublions pas qu’il y a une réglementation prudentielle sur les parties liées que la banque est tenue de respecter pour éviter des sanctions pécuniaires.
De plus, ces dettes ne sont pas intégralement couvertes par des garanties de l’Etat, puisqu’il s’agit de l’agent économique zéro risque et du premier actionnaire de la banque. Une enveloppe de garanties d’un montant de 305 Mtnd est en cours de renouvellement.
Nous ne pouvons donc pas dire que la BH Bank n’est pas au service des entreprises publiques. Si nous prenons un point de vue purement commercial, loin des considérations d’intérêt général, il est certainement plus rentable pour la BH Bank d’investir ces sommes dans des groupes privés ou même dans le marché financier. Toutefois, elle assume son devoir envers son actionnaire de référence pour venir au secours d’un service public pas toujours profitable ou qui respecte ses engagements. Elle se trouve de la sorte sanctionnée par le fait qu’elle doit respecter les mêmes règles prudentielles que les banques privées qui profitent du rendement des bons du Trésor sans contribuer au cercle infernal de financement des bras économiques de l’État.
Soyons donc raisonnables lorsque nous évaluons les performances des établissements de crédit publics. Si le marché financier semble avoir l’habitude de leur infliger une décote à cause de leurs tours de table, les bonnes performances opérationnelles doivent bénéficier d’une prime. Gérer les contraintes n’est pas évident.