L’acquisition de Discover Financial par Capital One pour 35,3 milliards de dollars, annoncée récemment, serait la plus grande opération du genre en 2024. Sa particularité n’est pas seulement dans l’augmentation de taille, mais il s’agit surtout d’une tentative pour se protéger contre une marée montante de menaces fintech et réglementaires.
Capital One, qui est un géant des cartes de crédit, fait le pari que l’achat de la société rivale Discover permettra à l’entreprise de mieux se positionner face à l’avenir incertain des paiements mondiaux. Le secteur est une toile dynamique où des acteurs de différents types (banques traditionnelles, fintech, géants de la technologie) cherchent tous à se tailler une place sur un marché qui pèse des milliers de milliards de dollars en grignotant les parts des opérateurs historiques dans le contexte de la croissance rapide du commerce électronique et des paiements numériques.
L’accord, s’il est approuvé, permet à Capital One de dépasser JPMorgan en tant que plus grande société de cartes de crédit en termes de prêts, et de consolider sa position en tant que troisième plus grande société en termes de volume d’achat. Elle renforce également les opérations bancaires de Capital One avec 109 milliards de dollars de dépôts totaux provenant de la banque digitale de Discover et aide l’entité combinée à réduire ses charges de 1,5 milliard de dollars d’ici à 2027.
Jusque-là, la croissance de Capital One s’est appuyée sur Visa et Mastercard, qui ont représenté la grande majorité des volumes de paiement l’année dernière, traitant à eux deux près de 10 000 milliards de dollars aux États-Unis. Avec cette acquisition, elle compte stimuler le réseau Discover, qui a traité 550 milliards de dollars de transactions l’année dernière, en y transférant rapidement tout son volume de débit, ainsi qu’une part croissante de ses flux de cartes de crédit au fil du temps. D’ici 2027, la banque prévoit d’ajouter au moins 175 milliards de dollars de paiements et 25 millions de ses titulaires de cartes au réseau Discover.
en possédant un réseau, l’idée finale est de créer un écosystème de bout en bout qui constitue davantage une boucle fermée entre les acheteurs et les commerçants, elle pourrait repousser la concurrence d’acteurs fintech en mutation rapide tels que Block et PayPalqui ont réussi à s’imposer auprès des entreprises et des consommateurs.
Capital One vise à approfondir ses relations avec les commerçants en leur montrant comment stimuler les ventes, en les aidant à prévenir la fraude et en leur fournissant des informations sur les données, ce qui les rend plus difficiles à déloger. L’entreprise peut utiliser une partie des frais de réseau pour créer de nouveaux programmes de fidélisation, tels que des programmes de récompenses par débit, ou souscrire à des incitations ou à des expériences pour les commerçants.
Tout cela reste théorique tant que l’opération n’a pas été approuvée par les régulateurs, ce qui est fort probable. Si elle perçue comme un moyen pour enrichir les actionnaires au détriment des consommateurs et des petites entreprises, elle sera automatiquement refusée.