Les coûts de financement demeurent exorbitants en Tunisie. Le ministère des Finances vient de publier les taux d’intérêt effectifs moyens du second semestre 2023 pour les différentes catégories de crédits.
Il en ressort que les crédits à court terme (hors découverts) ont été octroyés avec un taux moyen de 10,19%, ce qui leur confère le statut de la source de financement la moins chère. Le découvert est à 11,70%, plus onéreux que les prêts à moyen terme (10,67%) et à long terme (10,43%). L’affacturage coûte 12,29% et le leasing 13,83%. L’entreprise doit donc trouver un projet qui lui assure une rentabilité minimale de 20% pour rester à l’équilibre. Cela explique clairement la raison pour laquelle le pays ne trouve plus la voie de la croissance. Avec de tels niveaux, l’investissement ne peut être qu’en panne.
Un autre moteur de la croissance manque de carburant, à savoir la demande locale. Les crédits à la consommation sont à 11,83%, alors que ceux destinés à l’immobilier sont à 10,73%. Pour ces deux segments, l’entrée des caisses sociales pourrait donner une bouffée d’oxygène aux assurés sociaux qui ne peuvent pas faire face à ces taux à deux chiffres.
Les taux excessifs à ne pas dépasser au premier semestre 2024 sont obtenus en ajoutant 20% aux taux effectifs moyens du second semestre 2023. Ainsi, le leasing pourra atteindre 16,59%, un record à notre connaissance. Le taux d’intérêt des crédits à la consommation est plafonné à 14,19%. Le taux appliqué à l’affacturage est limité à 14,74%, contre 14,04% pour le découvert. Les crédits à court, moyen et long terme sont respectivement à 12,22%, 12,80% et 12,51%.
Ces taux nous indiquent deux choses. La première est que l’investissement ne redémarrera pas cette année. La seconde est que si vous pensez que la gratuité de quelques services bancaires ou le financement direct de l’Etat par la BCT vont significativement impacter les bénéfices des banques, vous vous trompez.