Dans le 4e épisode de CJD Talks 2024, Abdelaziz Darghouth donne la parole à Haythem El Mir, directeur général de Keystone, pour aborder les enjeux de la compétitivité de l’entreprise face à la lenteur de la transformation digitale de l’administration.
Le conflit entre les secteurs public et privé: un obstacle à la transformation digitale
De l’état de la transformation digitale en Tunisie, Haythem El Mir dresse un bilan négatif. Fort de sa double expérience dans les secteurs public et privé, il souligne d’emblée la relation conflictuelle entre les deux secteurs qui freine cette transformation. À cet effet, Haythem El Mir s’emploie à briser les stéréotypes. D’un côté, tout en pointant du doigt la bureaucratie et la lenteur administrative, il réhabilite l’image du secteur public, en rappelant son rôle dans la formation des cadres. De l’autre, sans occulter l’opportunisme du secteur privé, il valorise son patriotisme.
Du conflit à la réconciliation pour une relation de partenariat
Pour accélérer la transformation digitale en Tunisie, Haythem El Mir souligne la nécessité de résoudre d’abord cette relation conflictuelle. À ce propos, Abdelaziz Darghouth invite les secteurs public et privé à unir leurs efforts, parce que la transformation digitale constitue incontestablement la base des vingt prochaines années. Dans cette perspective, Haythem El Mir appelle de toute urgence à lancer un débat réunissant décideurs et exécuteurs, afin de remplacer la relation fournisseur/client par une relation de partenariat.
Le changement de culture: un catalyseur de la transformation digitale
La transformation digitale dépend fondamentalement du changement de culture, ajoute Haythem El Mir. Un changement que doit «conduire l’administration».
De fait, le secteur public est appelé à changer le leadership, en accordant pouvoir de décision et confiance aux responsables de la mise en œuvre de la transformation digitale. Ainsi, pour qu’ils adhèrent à son projet, l’administration doit favoriser l’épanouissement “professionnel” des exécuteurs chargés d’innovation, selon les mots de M. Abdelaziz Darghouth.
En plus de changer la culture interne, le secteur public est aussi appelé à impliquer le secteur privé dans la transformation digitale. Des startups qui, en plus de la compétence, disposent de plus grandes capacités en matière de développement technologique.
La cybersécurité au cœur de la transformation digitale
En décrivant l’état de la cybersécurité, Haythem El Mir identifie trois types d’entreprises: celles qui atteignent un certain degré de maturité en investissant dans la cybersécurité, celles qui rencontrent des difficultés par manque de moyens et/ou de ressources humaines et celles qui négligent complètement la cybersécurité. En exemples, il cite le cas du secteur financier, qui bénéficie de ses efforts de sécurité, et du secteur industriel, qui est au contraire exposé à plusieurs attaques visant les systèmes d’informations.
À la lumière de cette analyse, Haythem El Mir appelle à l’inclusion de la cybersécurité du début à la fin dans le développement de tout processus. Tout en saluant le rôle régulateur de l’État qui a imposé des lois obligeant les entreprises à respecter les normes de cybersécurité, il prévoit deux solutions: l’adoption d’une approche participative entre les secteurs public et privé pour échanger les informations et d’une approche sectorielle pour établir une structure de coordination et des noyaux de prévention.
La transformation digitale pour la conquête continentale
Cependant, Haythem El Mir souligne que la Tunisie est considérée comme une référence en matière de cybersécurité en Afrique, appelant l’État à jouer un rôle dans la création d’une dynamique d’exportation, et qu’elle peut l’être aussi en matière de digital. Pour atteindre cet objectif, les processus destinés à l’exportation doivent être mis en œuvre localement. Grâce à la transformation digitale, les startups peuvent, en d’autres termes, conquérir des marchés à l’échelle continentale. Avec l’exportation du service, la Tunisie peut enfin changer, affirme Haythem El Mir.
Abdelaziz Darghouth conclut le quatrième podcast avec un message positif: «Ensemble, nous irons loin».