Les contrats d’initiation à la vie professionnelle (CIVP) sont devenus un classique pour les entreprises tunisiennes. Ils confèrent un avantage social important à l’employeur, en contrepartie de la formation fournie aux candidats. Les recruteurs se plaignent souvent de l’output des universités, et cette période de stage rémunéré est une sorte de formation complémentaire pratique.
Mais est-ce que la signature d’un CIVP signifie mécaniquement sa transformation plus tard en un CDI? Les statistiques du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelles ne le confirment pas. A la fin du premier semestre 2023, ce taux s’est élevé à 52,7%. Par rapport à 2022, c’est une belle avancée, puisque la proportion était de 46,5%. Les projections pour 2024 sont de 53,4%, avec l’ambition d’atteindre 57,3% à l’horizon 2026. Nous pensons que c’est largement jouable pour deux raisons.
La première est que le coût de l’emploi va augmenter pour les entreprises. Sur les prochaines années, une nouvelle révision à la hausse du Smig serait décrétée, ce qui signifie des cotisations sociales plus élevées. L’intention de donner des crédits par la CNSS va rendre les jeunes, et parfois les seniors, peu enclins à accepter de travailler sans couverture sociale. Cela sera compensé par le recrutement de jeunes à faibles coûts par le biais des CIVP.
La seconde est que le nombre de jeunes intéressés par ce mécanisme ne cesse de progresser. La situation économique des ménages tunisiens s’est dégradée, ce qui rend les jeunes aptes à accepter des boulots moins rémunérateurs par rapport à leurs ambitions, mais qui leur permettent d’améliorer leurs propres pouvoirs d’achat et d’accélérer leur émancipation.
Ce qui est sûr, c’est que le CIVP restera le mécanisme phare d’aide à l’emploi en Tunisie à moyen terme. Il faut l’améliorer encore, le doter davantage de flexibilité et consacrer plus de budget pour le soutenir. Nous le répétons toujours: le vrai problème de ce pays est l’emploi.