L’intégration de la Tunisie parmi les pays pour lesquels les consultations de l’article IV ont connu des retards de plus de 18 mois, jusqu’au 15 décembre 2023, a suscité de vives réactions. Pour plusieurs experts, cela aura des conséquences sur la capacité du pays à mobiliser des financements extérieurs.
Notre avis est un peu différent. L’impact sur les aspects de financement du budget de l’Etat serait beaucoup moins important que prévu. Pourquoi? Parce que la Tunisie ne compte pas s’endetter de nouveau auprès de ces institutions.
Dans la loi de finances 2024, le FMI ne figure pas. La Banque mondiale contribuera à hauteur de 63 millions de dollars seulement. De plus, même si le pays ne figure pas dans cette liste, décrocher un financement multilatéral est difficile puisqu’il n’y a aucun accord avec le FMI.
Cela ne signifie pas aussi que nous sommes dans le confort. Nous avons un problème sérieux pour mobiliser au bon moment les montants dont nous avons besoin. La bonne situation actuelle des avoirs nets en devises nous permet d’affronter sereinement les premiers mois de l’année, mais pas toute. L’échéance des eurobonds de février prochain nous coûtera 10,8% de nos réserves à la date d’aujourd’hui.
A notre avis, le plus grand mal concerne l’image du pays. Un investisseur qui cherche des informations sur la Tunisie va automatiquement aller fouiller dans les sites des grandes institutions financières mondiales et auprès des agences de notation. L’absence de tels rapports risque donc de donner une mauvaise impression sur le pays. Il faut faire très attention, car pour effacer cette impression des mémoires, il faudra investir massivement durant plusieurs années et montrer de la bonne volonté.