Le plus grand projet minier du monde, qui pèse un investissement de 20 milliards de dollars, devrait enfin démarrer en 2024, avec un retard de juste… 27 ans.
La société britannique Rio Tinto a obtenu en 1997 une licence d’exploration dans les montagnes du Simandou, dans le sud-est de la Guinée. Depuis, la société a connu six CEOs, a perdu la moitié de la licence, a mené de longues batailles judiciaires avec plusieurs entreprises rivales, a réglé des allégations de corruption avec les autorités américaines et a même cherché à se retirer complètement du projet.
Cette fois, les partenaires chinois de Rio Tinto vont décrocher l’approbation de Pékin, permettant de donner le coup d’envoi du projet, l’un des plus complexes de son histoire.
Trop coûteux pour être développé par un seul mineur, le projet est un partenariat entre la société britannique Rio Tinto, le gouvernement guinéen et sept autres entreprises privées, dont cinq chinoises. Rio Tinto construira une mine de fer, en association avec le plus grand producteur d’aluminium au monde, Chinalco. Une deuxième mine sera construite par Baowu, le plus grand producteur d’acier au monde, en partenariat avec un consortium dirigé par Winning International Group, basé à Singapour.
Parallèlement, les parties cofinanceront la construction d’un chemin de fer de 552 km qui traversera l’intérieur montagneux de la Guinée jusqu’à la mer, ainsi que le développement d’un port en eau profonde sur la côte atlantique. Rio Tinto et le consortium Chinalco doivent également financer un embranchement ferroviaire supplémentaire de 70 km pour relier leur mine à la ligne principale.
Le changement fondamental de ces dernières années – le monde est beaucoup plus d’accord sur le changement climatique – a joué en faveur du projet. Le minerai à haute teneur de Simandou est aujourd’hui plus intéressant, étant donné la nécessité de décarboniser la fabrication de l’acier.
Le processus de fabrication de l’acier, qui utilise généralement du coke pour produire du fer à partir du minerai dans un haut fourneau et le transformer ensuite en acier, est très gourmand en carbone, puisqu’il produit environ 8% des émissions mondiales de carbone. Pour réduire les émissions, l’industrie explore d’autres approches, telles que la technologie du fer à réduction directe, dans laquelle le minerai est traité à l’aide d’hydrogène et de monoxyde de carbone, plutôt qu’avec du coke. Ces procédés nécessitent du minerai de fer de haute qualité, qui est de plus en plus difficile à trouver en grandes quantités. Le minerai que Rio Tinto prévoit d’extraire de Simandou a une teneur moyenne en fer supérieure à 65%, soit l’une des plus élevées au monde. Il a le potentiel de contribuer à la décarbonisation de l’industrie sidérurgique chinoise.
Le premier minerai devrait être expédié en 2025, pour atteindre une production totale de 60 millions de tonnes par an d’ici 2028, ce qui représente environ 5% du marché mondial du minerai de fer transporté par mer.