Certaines statistiques montrent que des activités semblent résister aux évolutions technologiques, comme celle de l’enseignement de la conduite. Selon les derniers chiffres de l’INS, 152 676 permis de conduire ont été livrés en Tunisie en 2022, soit une moyenne mensuelle de 12 723. La majorité écrasante est de la catégorie tourisme (134 352 permis), contre 18 324 pour les autres types. Les chiffres disponibles pour les trois premiers mois de 2023 montrent l’attribution de 34 004 permis.
Si nous supposons que le budget moyen d’un permis de conduire est de 1 000 dinars, nous sommes en train de parler d’un marché de taille minimale de 150 millions de dinars. Ce n‘est donc pas surprenant de voir l’Etat en profiter pour augmenter significativement ses tarifs appliqués aux différents documents obtenus auprès de l’Agence technique des transports terrestres à partir de janvier 2024.
A moyen terme, cette activité sera préservée, du moins du point de vue volume, car le rythme d’arrivée de nouveaux véhicules sur le marché reste important, à 6 662 en moyenne mensuelle durant 2022. Mais qu’en est-il si des voitures sans permis atterrissent sur le marché? C’est le cas du véhicule électrique fabriqué par la jeune startup Bako Motors. Cela rend l’accès aux quatre-roues plus facile et, surtout, moins coûteux. Un parc de véhicules plus propre, côté environnemental, n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour le secteur.
Reste maintenant à se poser des questions sur la qualité de l’enseignement, car le nombre de morts sur nos routes se compte en centaines par an. Certes, il y a d’autres facteurs qui contribuent à ces chiffres effrayants, mais la qualité de la conduite demeure, à nos yeux, le premier responsable. Une idée très répandue veut qu’enfreindre le code de la route est le signe d’un «bon» conducteur, surtout chez les jeunes et paradoxalement chez les plus âgés. En réalité, le bon conducteur est celui qui respecte la loi et préserve la vie des autres, mais cela n’a pas de valeur. Comme dans les autres aspects de la vie, on pense que les malheurs n’arrivent qu’aux autres, alors que ces «autres» sont, in fine, nous.