Avec la crise économique, le premier souci des entreprises est le recouvrement de leurs créances auprès des clients. Alors que nous ne disposons pas d’indicateurs régulièrement publiés tout au long de l’année quant à l’évolution des impayés par secteur, le rapport annuel de la BCT nous offre une image claire sur cette question.
Selon les dernières statistiques, l’encours des créances professionnelles impayées ou en contentieux a progressé de 3,4% en 2022 à 11 492 Mtnd, répartis comme suit:
– 5 611 Mtnd dans le secteur industriel, en hausse de 11,2% en glissement annuel,
– 5 080 Mtnd dans le secteur des services, en baisse de 3,1% en glissement annuel,
– 801 Mtnd dans le secteur agricole, en baisse de 2,3% en glissement annuel.
L’exercice 2022 a connu la radiation de créances pour un total de 1 202 Mtnd. Ainsi, le taux de ces créances s’est établi à 13,7% contre 14,3% en 2021, attestant plutôt la hausse des volumes des crédits professionnels plutôt que l’amélioration de la qualité des engagements.
Par secteur, l’industrie a accaparé 48,8% des impayés, contre 44,2% pour les services et 7,0% pour l’agriculture et la pêche. Mais au sein de chaque branche, les professionnels de l’agriculture et de la pêche sont de mauvais payeurs par excellence puisque les impayés ont représenté 22,3% de l’encours des crédits accordés, contre 15,3% pour l’industrie et 11,6% pour les services.
Par ailleurs, il convient de préciser que cinq branches d’activité se distinguent par un total d’impayés de 9 513 Mtnd, soit 82,2% de l’encours global des créances accrochées, à savoir:
- Les industries manufacturières: 3 429 Mtnd,
- Le commerce, réparation automobile et articles domestiques: 2 351 Mtnd,
- La construction: 1 936 Mtnd,
- L’hébergement et la restauration: 997 Mtnd,
- L’agriculture, sylviculture et pêche: 801 Mtnd.
La dégradation de la qualité d’actifs ne concerne pas que les entreprises, mais également les particuliers. Le rythme d’accroissement de l’encours des créances impayées ou en contentieux accordées aux individus a enregistré une hausse de 5,8% à 1 284 Mtnd fin 2022. L’essentiel des impayés concerne les crédits logement qui s’élèvent à 332 Mtnd contre 303 Mtnd pour les crédits de consommation.
Pour 2023, nous pensons que la barre symbolique des 12 milliards de dinars d’impayés ne serait pas dépassée, à cause du rythme de radiation des dettes. Les banques sont bien conscientes de la nécessité de traiter les dossiers de leurs clients en tenant compte du contexte actuel, mais la réglementation ne leur donne pas une vraie marge de manœuvre.