Les marchés émergents ont bénéficié d’avantages tels que la reprise économique chinoise, la baisse du dollar américain et une maîtrise de l’inflation en début d’année. Cependant, des défis à court terme se sont manifestés récemment en raison de tendances macroéconomiques mondiales, affectant les flux de capitaux.
Selon l’Institute of International Finance (IIF), les investissements étrangers dans les marchés émergents ont connu une transition significative. Après une période d’entrées de capitaux positives, atteignant un pic de plus de 50 milliards de dollars en janvier 2023, ces flux sont devenus négatifs depuis août. Cette situation a entraîné des ventes massives, se traduisant par des rendements en baisse dans différentes catégories d’actifs des marchés émergents. On observe notamment une baisse de 12,1% pour les actions (MSCI EM) par rapport au sommet d’août 2023, ainsi qu’une diminution de 5,7% pour les obligations (J.P. Morgan EMBI Global). Cette tendance devrait se poursuivre dans les mois à venir.
Selon QNB, plusieurs facteurs clés ont motivé les évolutions négatives observées sur les marchés émergents (EM), expliquant un contexte macroéconomique mondial de plus en plus défavorable pour ces marchés:
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La divergence économique actuelle entre les États-Unis et les marchés émergents est principalement due à des données économiques défavorables dans ces derniers par rapport à des données positives aux États-Unis. Cela se traduit par un écart significatif dans l’Indice de Surprise Économique Citi. Les États-Unis connaissent une croissance économique à un rythme bien plus élevé, avec des estimations suggérant une expansion du PIB de 5,4% annualisée au troisième trimestre 2023, soit plus du double de leur croissance tendancielle d’environ 2%. En revanche, la zone euro, la Chine et plusieurs autres marchés émergents montrent des signes de croissance économique inférieure à leur tendance habituelle. Par conséquent, cette disparité de croissance devrait se creuser en faveur des États-Unis par rapport aux marchés émergents au cours des prochains mois.
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Deuxièmement, l’écart de taux d’intérêt devrait également favoriser les États-Unis et le dollar par rapport aux actifs et aux devises des marchés émergents. La forte croissance économique américaine pourrait inciter la Réserve fédérale à adopter une politique monétaire plus restrictive que ce que prévoit actuellement le marché. En revanche, la croissance économique plus modérée dans la plupart des marchés émergents pourrait nécessiter des mesures plus accommodantes de leurs banques centrales. Cette dynamique pourrait entraîner un réajustement des attentes en matière de taux d’intérêt, favorisant un rapatriement des capitaux mondiaux vers les États-Unis et le dollar, tout en décourageant les investissements dans certains marchés émergents.
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Troisièmement, la Chine joue un rôle majeur dans l’évolution des marchés émergents. Après une brève période de reprise économique liée à la réouverture tardive de l’année précédente en raison de la pandémie, l’économie chinoise montre des signes de faiblesse, avec une diminution de la consommation et des problèmes persistants dans la production, ce qui se traduit par une croissance limitée. Cette situation macro-économique défavorable renforce l’hésitation des investisseurs étrangers à s’engager en Chine. Après des années de performances inférieures des marchés boursiers chinois en raison d’une croissance plus lente que prévu, de réglementations plus strictes et d’incertitudes géopolitiques, les investisseurs occidentaux remettent même en question la qualité des opportunités d’investissement en Chine. Le ralentissement en Chine a des effets négatifs sur les perspectives d’investissement dans d’autres marchés émergents en raison de l’importance de l’économie chinoise pour leur croissance, à la fois directement et indirectement.
A dire vrai, le contexte macroéconomique actuel rend les investissements dans les marchés émergents plus difficiles. L’accélération de l’économie américaine en période de ralentissement mondial favorise les actifs en dollars américains, tandis que la Chine, jouant un rôle essentiel dans la performance des marchés émergents, présente des perspectives moins prometteuses.