La Tunisie n’a jamais importé autant de tabac sur une période de 9 mois. C’est ce que nous pouvons conclure des chiffres de l’INS qui montrent que les importations de tabac jusqu’à fin septembre 2023 ont atteint 399,328 Mtnd contre 291,483 Mtnd sur la même période en 2022. En même temps, les exportations sont également à un pic, totalisant 144,945 Mtnd, en hausse de 47,6%.
Le rythme de consommation du tabac est rarement affecté par le pouvoir d’achat. Celui qui fume est prêt à réduire d’autres dépenses pour s’offrir une clope. Le nombre de fumeurs ne cesse d’augmenter. Les fabricants ont même inventé de nouvelles technologies qui utilisent peu de combustions pour garder la partie de la clientèle qui n’a plus envie de fumer des cigarettes classiques.
Par ailleurs, la hausse des importations traduit un marché parallèle moins important. Il y a un meilleur contrôle des frontières et une multiplication des saisies des dépôts illégaux depuis quelques mois. Cela augmente le volume de consommation des cigarettes distribuées à travers les circuits réglementés.
La hausse des exportations prouve aussi qu’il y a un marché à exploiter. La Manufacture des tabacs de Kairouan peut se transformer en une machine à cash si elle reçoit les investissements nécessaires. Souvent en difficulté financière, en dépit des récentes améliorations, la société a attisé les convoitises des investisseurs étrangers quelques années auparavant. L’Etat, déterminé aujourd’hui à garder les entités publiques dans son giron, doit prendre une décision. Le meilleur choix, à notre avis, sera d’ouvrir leur capital à des investisseurs privés locaux ou étrangers. Détenir 65% d’une société qui dégage des bénéfices est mieux que contrôler intégralement une société déficitaire.