La pandémie de COVID-19 et l’augmentation des coûts de la vie ont conduit à une croissance significative des fortunes parmi les personnes les plus riches de la région du MENA. Selon un rapport d’Oxfam présenté lors des réunions annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech aujourd’hui, la richesse des 0,05 % les plus fortunés, ce qui équivaut à 106 080 individus possédant plus de 5 millions de dollars, a presque doublé entre 2019 et la fin de 2022, enregistrant une augmentation de 75 %. Leur fortune totale est passée de 1 600 milliards de dollars en 2019 à 3 000 milliards de dollars.
Cette augmentation considérable de la richesse des ultra-riches survient au moment où tous les pays de la région MENA sont confrontés à une détérioration de leur endettement. En Tunisie, la dette publique est passée de 43 % du PIB en 2010 à 80 % en 2021, en Égypte de 70 % à 90 %, et au Maroc de 45 % à 69 %.
Avant même l’éclosion de la pandémie, la région MENA était déjà parmi les régions les plus inégalitaires au monde. Les pays de la région étaient aux prises avec des problèmes complexes, notamment des conflits, les impacts du changement climatique, une augmentation du chômage, ainsi que des services publics gravement sous-financés.
Oxfam appelle les gouvernements à récupérer ces énormes richesses au profit de l’intérêt général. Par exemple, l’introduction d’une taxe de 5 % sur les fortunes dépassant les 5 millions de dollars au Liban, en Égypte, au Maroc et en Jordanie pourrait générer des recettes d’environ 10 milliards de dollars. Ces fonds pourraient être investis dans des services publics de haute qualité, promouvoir la paix et la sécurité, et contribuer à la lutte contre le changement climatique.
La mise en place d’une telle taxe sur la fortune permettrait à l’Égypte de doubler ses dépenses en matière de soins de santé, à la Jordanie de doubler son budget pour l’éducation, et au Liban d’augmenter ses dépenses en soins de santé et en éducation d’un facteur de sept. Le Maroc, à lui seul, pourrait générer 1,22 milliard de dollars grâce à cette taxe, ce qui revêt une importance particulière alors qu’il doit faire face à une facture de reconstruction de 11,7 milliards de dollars à la suite du récent et dévastateur tremblement de terre qui l’a frappé, comme l’indique la même source.