Alors que l’appareil judiciaire et les diverses autorités de contrôle semblent passer à la vitesse supérieure ces dernières semaines, le monde de la finance est plus que jamais concerné. Des hommes d’affaires sont déjà derrière les barreaux et d’autres pourraient se retrouver prochainement devant les juges d’instruction.
Indépendamment de la question de la véracité de toutes ces affaires, qui reste un domaine exclusif aux instances compétentes, il serait intéressant d’observer la réaction de la Bourse de Tunis, un proxy pour mesurer le sentiment des investisseurs et ce qu’ils pensent vraiment de l’avenir. In fine, nous parlons d’acteurs importants, dont certains ont des sociétés cotées et, du coup, le nombre des parties prenantes est réellement très élevé.
Ce que nous avons observé sur le marché est que les titres qui sont concernés affichent des tendances baissières, mais pas de panique. Historiquement parlant, et si nous revenons à 2011, les sociétés qui avaient des liens, directs ou indirects, avec les membres de la famille de l’ancien régime ont toutes payé les pots cassés. Depuis, l’effet de ce type d’information s’est progressivement estompé.
La raison: une nette amélioration de la gouvernance de ces entreprises et de leurs modèles de fonctionnement. La conviction est qu’il y a des conseils d’administration en place, avec des indépendants et des représentants des minoritaires, qui peuvent assurer un fonctionnement normal d’une société même en l’absence de son actionnaire de référence et/ou de son premier dirigeant opérationnel. Cette confiance était absente auparavant et la construire a nécessité des années de changements réglementaires et de mise en place.
L’autre aspect est que les investisseurs ont laissé des plumes après 2011. Paradoxalement, ceux qui ont pris des positions dans ces moments difficiles ont pu réaliser des profits colossaux dans la majorité des cas. Le marché a une mémoire et ce manque à gagner est resté gravé dans les esprits et personne n’a envie de l’encaisser.
Enfin, il est fort probable que d’autres personnalités du monde des affaires soient, tôt ou tard, inculpées. De facto, tous les types de couverture qui fonctionnaient sont désormais obsolètes. Faudra-t-il tout liquider? Même pour ceux qui le pensent, ce n’est pas le bon moment. L’abondance de l’offre ne fera que causer des pertes à tout le monde. Il faudra donc temporiser et doser ses décisions. Cette réaction prouve que le risque d’un effondrement du marché actions est exclu des esprits, mais qu’il y a aussi une dose d’inquiétude qu’il ne faut pas nier.
Suivre la tendance de la Bourse de Tunis est important pour doser le moral de la sphère financière. Avec d’autres indicateurs, comme ceux de l’investissement, de l’emploi et de la croissance, l’opinion collective sera plus claire.