Le Maroc applique désormais une nouvelle grille de salaires minimums. Il s’agit de l’application d’un accord avec les syndicats qui date d’avril 2022. Le salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) et le salaire minimum agricole garanti (Smag) ont été revus à la hausse de 5%, et ce, à compter du 1er septembre 2023.
Le Smig, qui concerne l’industrie, le commerce et les professions libérales, est de 3 111,39 MAD brut par mois (946,900 TND). Quant au Smag, il est de 2 303,08 MAD (700,900 TND).
A première vue, c’est un luxe par rapport à la Tunisie, mais il faut juste tenir compte du fait que la baguette coûte exactement le double de son prix ici, et que le litre d’essence est de 14,20 MAD, l’équivalent de 4,320 TND.
En termes de compétitivité, un investisseur étranger observe clairement la différence, mais il y a plus de chances qu’il choisisse le royaume pour s’implanter. Sur les six premiers mois de l’année, les IDE ont totalisé 4 739 MTND. Sur la même période, les IDE en Tunisie ont atteint 1 217 MTND, y compris ceux en portefeuilles.
C’est encore une fois la preuve que la logique coût a ses limites. Les paramètres d’une décision de délocalisation pour un industriel étranger ont changé. Maintenant, ils pensent disponibilité d’infrastructures, fluidité des procédures administratives, stabilité macroéconomiques et risques de change. Dans tous ces éléments, nous avons du retard. Nous parvenons à rembourser nos dettes, à maintenir stables les indicateurs macroéconomiques clés, mais au détriment des investissements en infrastructures, exclusivité publique. Les rapports des agences de notation et des institutions financières internationales nous mettent toujours dans le panier des candidats sérieux à un éventuel défaut de paiement, bien qu’en réalité nous soyons loin d’y tomber. Les avancées en matière de digitalisation et de simplification du parcours investisseur sont timides, malgré quelques percées.
Les problèmes sont connus, mais il faut passer à l’acte et commencer. Il faut commencer par une révolution réglementaire qui ne coûte rien, mais qui aura des effets positifs immédiats. Activer l’outil PPP permettra de drainer des milliards de dinars vers l’infrastructure et l’image du pays changera. Souvent, c’est un petit détail qui fait la différence et la Tunisie a toujours sa place parmi les meilleures destinations des investissements étrangers. Il suffit d’entretenir cette image et de donner plus de marge aux privés pour agir.