Jusqu’au 10 août 2023, la Tunisie a assuré un service de dette extérieure de 6 061,7 MTND, soit 67,8% des montants planifiés pour l’exercice budgétaire 2023. Réellement, la seule vraie échéance qui reste est les eurobonds d’une valeur de 500 M€. Malgré ce rythme soutenu, les avoirs en devises continuent à afficher une belle résilience, se stabilisant à 23 945,6 MTND, soit une amélioration de 914,1 MTND depuis le début de l’année.
Outre l’excellente saison touristique et la réduction du gap de la balance commerciale, l’évolution du couple EUR/USD a été en notre faveur. Les avoirs en devises sont essentiellement libellés en euro (à hauteur de 48,1% fin 2022), une monnaie qui a grimpé de 5,1% depuis le début de l’année. Idem pour la livre sterling (4,8% de nos réserves) qui s’est appréciée par rapport au dinar de 5,3% sur la même période. En parallèle, les autres monnaies (USD, JPY) ont perdu du terrain face au dinar. Le dollar représente 45,4% des avoirs contre 0,2% pour le yen. Globalement, l’impact est positif sur le stock de devises.
Les autorités monétaires ont donc de quoi s’attaquer tranquillement à la fin de l’année et planifier les remboursements colossaux de 2024. De plus, nous sommes à l’abri d’une nouvelle dégradation de la notation souveraine si nous gardons stables nos avoirs en devises d’ici la fin de l’année.
A priori, la Tunisie pourra compter sur les mêmes moteurs qui lui ont sauvé cette année. Toutefois, nous insistons toujours sur le fait qu’il y a un besoin d’augmenter significativement la mobilisation d’un appui budgétaire beaucoup plus important qu’en 2023. Nous avons bénéficié d’une année très soft sur le front des cours des matières premières et alimentaires sur les marchés internationaux. Si un choc macroéconomique se produisait, pour n’importe quelle raison, cet équilibre fragile ne tiendrait plus. L’année prochaine sera décisive pour l’avenir du pays. Honorer ses engagements avec un désendettement extérieur net serait un cas d’école, mais il vaut mieux ne pas prendre ce type de risque.