L’Institut arabe des chefs d’entreprises a organisé un débat sur “Les enjeux du système de pain en Tunisie” en réponse à l’importance économique de la question, aux divergences d’opinions et à l’impact sur la population. Des experts et des professeurs ont participé à cette discussion.
Au cours des derniers mois, la Tunisie a fait face à des difficultés d’approvisionnement en pain, une denrée essentielle dans la vie quotidienne des Tunisiens. Les raisons de cette crise sont variées. Certains estiment que le manque de pain est dû à une pénurie de matières premières, particulièrement de farine, causée par le déclin de la production locale de céréales en raison de facteurs naturels, tels que la sécheresse prolongée, et des éléments extérieurs liés au conflit russo-ukrainien en cours depuis plus d’un an. Ce conflit a privé le pays d’une part substantielle des importations céréalières tunisiennes, aggravant ainsi la crise.
D’un autre côté, d’aucuns attribuent la crise à la décision des boulangers d’arrêter la production du pain ordinaire subventionné par l’État, préférant se concentrer sur des variétés de pain vendues à des prix bien plus élevés. Les différents acteurs de la chaîne de production céréalière et de boulangerie se renvoient mutuellement la responsabilité de cette pénurie.
Le Pr Moncef El Harabi, de l’Institut national des sciences agronomiques, a souligné que la Tunisie n’a jamais atteint l’autosuffisance alimentaire en matière de pain. Il a cité des chiffres entre 2015 et 2019, indiquant que la couverture de la consommation totale en blé dur, tendre et orge n’a atteint que 28%. Le taux de couverture de la consommation locale de blé dur était de seulement 53,3% et celui de blé tendre de 6%. Il a ajouté que le problème réside dans la production, non dans la demande des consommateurs.
Sahbi Mahjoub, membre du conseil d’administration de l’IACE, a rappelé que la Tunisie était autrefois autosuffisante sans consommer de farine, soulignant que la dépendance envers le blé est relativement récente. Il a souligné que la Tunisie, en tant que productrice d’orge, ne parvient pas à atteindre l’autosuffisance pour la farine. Il a également noté que seulement 10% des agriculteurs tunisiens utilisent des graines sélectionnées et que l’État manque de moyens pour importer du blé dur et tendre.