Si l’inflation est en train de fléchir progressivement, cela devrait se traduire par une consommation encore faible. Les chiffres des deux enseignes de grande distribution cotées à la Bourse de Tunis (Magasin Général et Monoprix) peuvent nous indiquer si ce constat est vérifié.
La progression des ventes combinées était la meilleure depuis des années, augmentant de 7,9% en glissement annuel. En moyenne, le chiffre d’affaires mensuel par point de vente s’est établi à 0,681 MTND au premier semestre 2023, soit la meilleure performance depuis la période de la crise sanitaire et des confinements.
Cette reprise côté commercial a été, encore une fois, réalisée au détriment des marges. Le taux de marge brute moyenne s’est établi à 16,9% fin juin 2023. Pour rappel, il était de 18,2% en 2018. Le panier moyen est toujours majoritairement composé de produits dont les prix sont encadrés ou qui bénéficient de promotions. Il ne faut pas oublier que le Tunisien type achète des denrées alimentaires en premier lieu, dont les prix continuent à flamber. Cela freine la vitesse d’amélioration de marge pour les distributeurs.
Les actions managériales se focalisent alors sur la maîtrise des coûts et le renforcement de la productivité. La taille de l’effectif moyen par magasin est restée stable à 34,9 employés par point de vente. En même temps, le chiffre d’affaires mensuel moyen par employé est passé de 17 918 dinars fin juin 2022 à 19 550 dinars une année plus tard.
Nous continuons à avoir la conviction que la solution pour la grande distribution ne peut être qu’une plus forte dose de digitalisation. Le problème est qu’une bonne partie de la clientèle est composée de personnes âgées qui font leurs courses quotidiennement et que l’expérience d’achat en ligne ne leur convient pas. La présence d’un magasin physique est primordiale. Il faut réduire le nombre de personnel au maximum et jouer sur la polyvalence pour monter en profitabilité. Cet effort a été accompli sur des années et nous pensons qu’il serait difficile de le faire encore baisser. Pour rappel, en 2015, ce chiffre était de 46,5 personnes, ce qui signifie que près de 12 employés par point de vente ont quitté leur poste depuis.
Un modèle de distribution mixte, avec un passage progressif à un mode plus digitalisé, serait parfait. Cela ne pourrait pas être profitable rapidement et nécessite la mobilisation de ressources financières importantes. Cela explique les récentes recapitalisations réalisées aussi bien par Magasin Général que par Monoprix.