Suivre les sociétés immobilières de près est l’un des meilleurs proxys pour la santé économique d’un pays. Un secteur immobilier qui marche est un bon signe et s’il est en panne, il peut se transformer en une source de vulnérabilités et de crises.
Les chiffres des indicateurs d’activité des trois compagnies immobilières cotées à la Bourse de Tunis (Simpar, Essoukna et SITS) montrent que le chiffre d’affaires total a chuté de 72,6% en glissement annuel. Les ventes depuis le début de l’année ont totalisé 5,861 MTND. Le résidentiel a fortement baissé de 77,7% à 4,557 MTND, représentant toujours près de 78% des ventes globales. La demande sur les bureaux s’est appréciée de 38,6% à 1,206 MTND. Enfin, l’activité de vente de terrains lotis n’a rapporté que 0,098 MTND.
Les promesses de ventes fermes sont de l’ordre de 20,008 MTND fin juin 2023, ce qui promet un rattrapage d’ici la fin de l’année. Si elles sont concrétisées, elles absorberont une bonne partie des stocks de constructions finies qui s’élèvent à 25,770 MTND. Les travaux en cours sont en reprise, avec un encours de 40,550 MTND. Bien que ces chiffres soient importants à première vue, ils demeurent modestes par rapport aux années fastes 2012-2015.
Nous pensons que le second semestre serait nettement meilleur pour des raisons fiscales. En fait, la loi de finances 2020 avait stipulé que le taux de la TVA sur les ventes des biens immobiliers à usage d’habitation par les promoteurs immobiliers est de 13%, et ce, jusqu’au 31 décembre 2023. Dès 2024, il passera à 19%. Les promoteurs feraient des efforts, au niveau des marges, pour liquider le maximum de logements possibles avant la fin de l’année.
Actuellement, les trois sociétés valent moins de 70 MTND en Bourse, alors qu’elles disposent d’une réserve foncière de 67,157 MTND (aux coûts historiques) et de stocks de constructions de 66,320 MTND, ce qui couvre de loin leurs dettes financières nettes. Il y a une sous-valorisation qui persiste, au vu des risques qui pèsent sur les perspectives du secteur, mais il y a une opportunité à court terme. Cependant, si les ventes sont décevantes, ces titres risquent d’être mis, à côté d’autres titres, dans les oubliettes par les investisseurs à la Bourse de Tunis.