Les défaillances de la croissance économique trouvent leur origine dans l’insuffisance d’investissements industriels et de la faible création d’emplois.
Selon les statistiques de l’APII jusqu’à la fin du mois de juin 2023, le nombre d’entreprises nouvelles créées dans le secteur industriel s’est établi à 1 251 contre 1 176sur la même période en 2022, une hausse de 6,4%. Parmi elles, 370 sont totalement exportatrices.
Ces projets ont mobilisé des investissements de 789,2 MTND et devraient permettre la création de 13 613 opportunités de travail. L’employabilité moyenne par entreprise est d’environ 11 personnes. La création d’un nouveau poste nécessite, en moyenne, un investissement de 57 974 TND contre 36 385 TND sur la même période en 2022. Avec le durcissement des conditions de banques, quel est le nombre d’industriels capables de lancer des projets d’envergure ?
Le secteur qui a crée le plus d’entreprises reste l’agroalimentaire, avec 401 nouvelles entités et 164,2 MTND d’investissements. Il devance le textile et l’habillement (274 entités pour 79,5 MTND) et les industries mécaniques et électriques (166 entités pour 266,7 MTND).
Quant aux investissements déclarés dans le cadre des projets autres que création (extension,renouvellement de matériel), ils ont atteint 619,9 MTND, une hausse de 11,1% en rythme annuel. Le nombre de poste d’emplois y afférents s’élève à 9 363. Un emploi coûte plus cher lorsqu’il est créé dans le cadre d’une extension ou renouvellement. C’est logique du moment qu’il s’agit de l’implantation de nouvelles technologies qui nécessitent la mobilisation d’enveloppes plus importantes.
Géographiquement, l’essentiel des intentions d’investissements concernent le Grand Tunis, impliquant 347 entreprises. Sans surprise, Sfax et Nabeul avec respectivement 230et228nouvelles créations et extensions complètent le podium. Ce trio contribue ainsi à hauteur de 48,9% de la dynamique économique du pays. A l’outre bout du spectre, il y a le Kef qui n’a enregistré aucun investissement industriel durant le premier trimestre.
Ces chiffres résument le mal de la Tunisie. Les entrepreneurs cherchent les infrastructures, la facilité de l’accès aux services administratifs et financiers, la taille du marché et le pouvoir d’achat, des éléments difficilement trouvables hors les grandes villes. Même les zones de développement régional qui attirent des investissements importants se trouvent dans ces gouvernorats. Sur les 663,5 MTND investis dans ces zones jusqu’à fin juin 2023, Sfax et Zaghouan (très proche de Tunis) accaparent 40%.
Il faut travailler davantage pour améliorer l’écosystème entrepreneurial à l’intérieur du pays. L’infrastructure est à renouveler, et la qualité de vie doit être réhaussée. Cela permettra d’attirer une main d‘œuvre hautement qualifiée, même originaire de ces mêmes gouvernorats. Si une société du côté ouest est incapable de recruter des ingénieurs ou des cadres qui préfèrent le littoral, quel avenir pour ce pays ?