Le ministère des Finances a publié le budget citoyen 2023. Bien qu’il s’agisse d’une version simple et à but pédagogique, elle nous donne quelques détails supplémentaires d’une grande utilité.
Il y a par exemple des informations qui montrent l’ampleur du rôle social de l’Etat. Les transferts en faveur des familles nécessiteuses et des personnes à diversité fonctionnelle s’élèvent à 1 180 MTND. En tout, c’est 320 000 familles et 120 000 enfants âgés de moins de 6 ans qui bénéficient mensuellement, et respectivement, de 220 et 30 TND. En outre, 36 000 étudiants issus de ces familles obtiennent une bourse universitaire de 500 TND.
Cette fibre sociale se manifeste aussi dans la politique des subventions. Ces dépenses seront réparties comme suit pour cette année: 1736 MTND pour les céréales, 640 MTND pour les sociétés nationales de transport, 400 MTND pour les huiles végétales et 387 MTND pour le lait, sucre, les pâtes et papiers. Mais le poids lourd reste l’énergie, dont la facture se chiffre à 5 669 MTND.
Par type de carburant, la compensation calculée sur la base d’un prix de baril à 89 dollars, l’hypothèse retenue dans l’élaboration du budget, se détaille ainsi:
– 0,871 TND pour chaque litre d’essence, soit un prix réel de 3, 396 TND le litre,
– 0,835 TND pour chaque litre de gasoil, soit un prix réel de 2, 820 TND le litre,
– 0,935 TND pour chaque litre de gasoil 50, soit un prix réel de 3, 140 TND le litre,
– 33,200 TND pour chaque bouteille de gaz, soit un prix réel de 42 TND la bouteille.
Ces chiffres nous donnent une idée claire sur l’inflation qui va submerger l’économie si un passage brutal au prix à la pompe est décrété.
Toujours dans le chapitre des dépenses, l’Etat accorde 863 MTND au profit des municipalités et des conseils régionaux.
Enfin, l’administration aura besoin de 2 314 MTND en 2023 au titre de charges opérationnelles, soit 6,400 MTND quotidiennement.
Côté recettes, la principale nouvelle donnée concerne le détail des revenus de participations de l’Etat, estimés à 1 285 MTND. La BCT devrait participer à hauteur de 39%, soit 501,150 MTND. Toutefois, selon les états financiers de la Banque, la part de l’Etat n’est que de 406,726 MTND. Il y a déjà un gap. L’ETAP devrait contribuer à hauteur de 46%, le reste provenant des sociétés à participation publique.
En tout, deux missions confisquent l’essentiel des ressources financières de l’Etat: l’enseignement par ses différents niveaux (9 703 MTND) et la sécurité avec les départements de l’Intérieur et de la Défense nationale (9 447 MTND). La santé, mission aussi importante, n’est qu’à la 5eplace avec 3 660 MTND, ce qui reste peu à notre avis. Seules des réformes qui permettent de réduire la facture de la compensation pourront créer une marge de manœuvre supplémentaire en faveur de secteurs clés, comme la santé ou l’investissement public.