Le recours à l’endettement local s’est transformé en un menu quotidien pour les Tunisiens. Il est rare que ce sujet ne soit pas traité, surtout que le thème de l’indépendance de la Banque centrale est réapparu. Elle est accusée de permettre aux banques d’engranger des revenus au détriment de l’Etat et donc du contribuable. Certes, financer directement le budget coûtera moins cher, mais c’est juste une illusion. C’est une bouffée d’oxygène à court terme et un cercle inflationniste infernal à moyen et long terme.
L’impact sur le budget de l’Etat est connu pour 2023. Il est de 2 273 MTND, selon les projections de la loi de finances. Ce chiffre comprend les charges financières liées aux différents emprunts obligataires nationaux et aux prêts syndiqués en devises auprès des banques. Et pour estimer ce coût durant les années à venir, il faudra bien passer par l’analyse des taux.
Les statistiques montrent que le souverain paie effectivement plus cher le coût de sa politique. Fin mars 2023, le taux moyen des adjudications de bons du Trésor non encore échus (toutes échéances confondues) a atteint un nouveau pic à 8,209%. Par maturité, celle à 7 ans continue à être la plus onéreuse, avec un taux moyen de 9,024%. A titre de comparaison, en décembre 2010, la moyenne était à 6,216%. Une différence qui peut paraître soutenable à première vue, mais il faut penser l’appliquer sur le volume. L’encours des bons du Trésor est passé de 5 848 MTND en 2010 à 24 867 MTND en mars 2023.
Ce qui allège ce coût est les flux positifs qui sont générés plus tard. Les sociétés financières, qui détiennent l’essentiel de ces titres, vont dégager plus de bénéfices et donc payer plus d’impôts et de taxes. Il y a une retenue à la source de 20% sur ces intérêts qui est directement transmise aux caisses publiques. La BCT, qui refinance davantage les établissements de crédit, réalise plus de bénéfices et verse un beau dividende à l’Etat. Ce n’est pas un jeu à somme totalement nulle, mais il permet à tous les participants de sortir gagnants, au moins pour le moment.