Le secteur du transport en Tunisie a besoin d’une refonte totale. Mené principalement par des entreprises publiques en difficulté, ce segment a généré une valeur ajoutée de 5 094 MTND en 2022, soit 5,4% du PIB. Sur les trois premiers mois de 2023, sa contribution s’est élevée à 1 306 MTND.
L’entité la plus facile à redresser est, à notre avis, la SNCFT. Selon le rapport sur les entreprises publiques publié par le ministère des Finances, et en dépit du résultat net négatif de 2021 (-109,8 MTND), la société affiche toujours des fonds propres positifs. Fin 2020, ces fonds étaient de 811,2 MTND. Elle a besoin d’une recapitalisation de taille moyenne, qui peut s’opérer à travers un coup d’accordéon pour absorber les pertes cumulées (891,7 MTND), une réévaluation des actifs et une injection de cash.
En 2021, le transporteur ferroviaire a généré des revenus de 51,6 MTND, auxquels il faut ajouter des subventions de 84,5 MTND et d’autres revenus de 18,8 MTND. Les produits d’exploitation ont totalisé 154,9 MTND.
En 2022, et selon les chiffres de l’INS, la SNCFT a enregistré une amélioration de ses revenus. Le transport des clients a atteint 33,098 MTND, soit une moyenne mensuelle de 2,728 MTND contre 1,386 MTND en 2021. Le transport de marchandises a généré 24,316 MTND, soit une moyenne mensuelle de 2,026 MTND contre 2,090 MTND en 2021.
Ces montants couvrent à peine les charges de personnel, de 134,7 MTND. En moyenne, sur la période 2019-2021, ce poste de dépenses a confisqué 81,7% des ressources. Il ne lui reste rien pour investir et se trouve obligée de s’endetter et de ne pas payer les caisses sociales et ses fournisseurs.
Avec un effectif de 4 790 employés fin 2021, il faut admettre que la structure des dépenses de la société est peu flexible. Un plan social est difficile à mettre en place, et nécessite des ressources financières. Le plus simple serait de travailler sur les revenus. Une hausse des prix des billets est inévitable, surtout avec le coût exorbitant du carburant. Le transport des phosphates peut contribuer à cette reprise. A titre de comparaison, en 2010, le transport des marchandises a rapporté à la SNCFT 59,432 MTND, soit une moyenne mensuelle de 4,952 MTND, soit 2,44x celles de 2022. Même au niveau des recettes de transport de voyageurs, la moyenne était de 4,558 MTND, soit 1,67x celle de 2022.
Mais pour reconquérir cette clientèle, il faut moderniser les infrastructures et étendre le réseau au reste du pays. Les investissements doivent se focaliser sur le transport propre, profitant de la disponibilité des financements et des subventions mondiales pour ce type de projets. Aujourd’hui, nous parlons de trains hybrides qui remplacent ceux en diesel. Il n’y a plus besoin d’électrifier entièrement des lignes grâce à des batteries rechargeables capables d’assurer des centaines de kilomètres d’autonomie.
Reste à préciser que les citoyens doivent mieux se comporter. Il n’est pas acceptable de voir le matériel de la compagnie, acquis via des dettes en devises et l’argent du contribuable, endommagé par les jets de pierres ou brûlé lors des contestations. Améliorer notre qualité de vie est une responsabilité partagée.