Lancée en 2011, la Caisse des dépôts et consignations est un acteur majeur de l’investissement essentiellement privateequity. Se donnant pour mission de créer des projets à fort impact, de dynamiser l’environnement économique et de développer une infrastructure d’investissement robuste et inclusive, la CDC investit directement ou indirectement à travers les différents fonds où il y a une prise de participation pour financer des projets structurants et à grande valeur ajoutée. La caisse adopte une approche participative et contracyclique visant le retour sur investissement à long terme et mettant le partenariat public-privé au cœur de la stratégie du développement. Grande commis de l’Etat et fortement imprégnée dans l’écosystème entrepreneurial dont elle porte les valeurs et garantit l’efficacité, Nejia Gharbi, directrice générale de la CDC, a à son actif une trentaine d’années dans le financement. Ancienne présidente du conseil de la STB et actuellement de la BNA, elle incarne à la perfection le partenariat public-privé dans ce qu’il a de plus prometteur et de plus efficace, favorisant la création d’une forte valeur ajoutée qu’elle veut inclusive et durable.
Les objectifs du développement durable au cœur de la stratégie de la CDC
La stratégie de la caisse se déploie en cinq axes, à savoir l’appui de la relance et du développement de l’entreprise innovante, compétitive et créatrice d’emplois, le renforcement de l’infrastructure au profit d’un développement économique inclusif, l’accompagnement de la transformation digitale et technologique par le biais de l’appui des startups opérant dans le monde de la technologie, la contribution à la transition énergétique et écologique et, enfin, le développement des marchés financiers. Ces axes stratégiques sont indexés sur des objectifs du développement durable ODD, notamment une croissance économique inclusive, la lutte contre les changements climatiques et l’égalité des sexes.
Une collaboration quadripartite pour le financement et l’accompagnement des startups et PME
Le fonds de fonds Anava, mis en place en collaboration avec la Banque mondiale, la GIZ et très récemment la KFW & l’UE, offre des mécanismes de financement des startups et des PME. Ces programmes ont été conçus en se basant sur le diagnostic de l’écosystème existant et l’identification de ses opportunités et ses défis. Les partenariats noués ont pour vocation de mettre à la disposition des startups et des PME de nouveaux mécanismes de financement et des méthodes d’accompagnement adaptés aux besoins spécifiques de chaque segment. Le premier axe sur lequel porte l’initiative est celui du financement en capital qui se veut un portail du financement inclusif profitant aussi bien aux startups qu’aux PME. Pour les startups, le financement se fait indirectement à travers le fonds de fonds Anava. Dans ce cadre, le programme vise également à capter l’intérêt des gestionnaires des fonds et à les encourager à prendre le risque grâce à l’intervention de la CDC dans le capital des structures cibles, donc le partage du risque, à hauteur de 65% pour les entreprises dans la phase Seed Stage, 50% pour celles dans le Early Stage et 25% pour le Late Stage. Le deuxième volet des interventions de la caisse concerne les mécanismes d’accompagnement dédiés aux startups et aux SSO (Startups Support Organization) visant à répondre aux besoins des divers acteurs de l’écosystème entrepreneurial. Le programme Flywheel mis en place avec la GIZ consiste en des sessions de sélection des structures cibles. «Dans ce cadre, nous avons organisé cinq sessions de sélection pour 76 startups dans le cadre du mécanisme de financement. Cinq sessions dans le cadre du mécanisme R au carré qui ont bénéficié aux 25 participants en sus du programme Deal pour les SSO dans le cadre duquel la CDC a organisé trois sessions de sélection et fait bénéficier 16 structures», a indiqué Nejia Gharbi. Les subventions octroyées dans le cadre de ces programmes peuvent aller jusqu’à 200 mille dinars. Pour le critère d’éligibilité des startups, Nejia Gharbi a précisé que la condition primordiale pour le financement d’une startup est sa scalabilité. Selon la politique de la CDC, la capacité de la startup à faire son scale-up, à dépasser les frontières locales et à se développer à l’échelle internationale est un atout majeur et un critère important dans le processus de sélection.
Des partenariats solides et bien étudiés avec les fonds d’investissement
Nejia Gharbi a précisé que le choix des fonds d’investissement se fait par des comités spécialisés en la matière par référence à un ensemble de critères de sélection qui englobent, entre autres, les objectifs du fonds candidat. Dans ce cadre, la CDC intervient également pour l’accompagnement des fonds objet des partenariats et leur restructuration. Également, la caisse participe directement dans divers fonds de restructuration, de développement et d’amorçage, et ce, dans le cadre de l’élargissement de son spectre d’intervention et d’impact. Elle compte dans son portefeuille 23 fonds locaux et trois fonds internationaux et y a investi environ 185 millions de dinars, 15 millions d’euros et 10 millions de dollars. La politique de développement de la CDC porte également sur d’autres mécanismes de financement, à l’instar de celui conçu avec la Banque mondiale et qui a fait bénéficier 14 PME et celui avec les Sicar régionales qui visaient l’appui de 23 PME.
L’ouverture sur l’environnement international
Améliorer l’attractivité de l’écosystème entrepreneurial tunisien, booster la compétitivité des startups tunisiennes à l’international et capter l’intérêt des VC est un chantier sur lequel la CDC travaille en collaboration avec la Banque mondiale et d’autres partenaires, a précisé la directrice générale de la Caisse des dépôts et consignations. Dans ce cadre, nous travaillons sur le rapprochement entre les VC et les startups tunisiennes à travers la participation de ces dernières aux pitchs internationaux et la promotion de leurs idées à une échelle élargie. Ce travail est mené en collaboration avec le ministère des TIC. La CDC n’a de cesse de proposer des mesures correctives pour l’écosystème entrepreneurial et des pistes d’amélioration qui visaient notamment le cadre réglementaire. L’un des chevaux de bataille est la révision du code de change et l’introduction de nouvelles mesures pour assouplir les procédures d’investissement du fonds de fonds Anava ainsi que des structures de financement étrangères dans les startups tunisiennes en devises. Nejia Gharbi accorde une importance capitale à la préparation d’un environnement adéquat pour l’attraction des compétences internationales nécessaires pour le développement des startups.