La société Les Ciments de Bizerte reste un cas assez particulier à la Bourse de Tunis. Depuis son IPO, son cours n’a jamais atteint celui de sa première cotation. La société a toujours eu des difficultés, souffrant également d’un contexte peu porteur à l’ensemble de l’industrie durant la majeure partie de la décennie.
Le cimentier a affiché une nouvelle perte de -28,950 MTND, qui s’ajoute aux pertes antérieures, qui s’élèvent à -122,116 MTND. Les capitaux propres restent encore positifs, à 56,754 MTND, et ce, grâce à une réévaluation des actifs.
En fait, et en application des dispositions de l’article 19 de la loi de finances 2019, la société a procédé à la réévaluation de ses immobilisations corporelles, telles qu’elles figurent dans le bilan clôturé au 31/12/2019, à l’exception des immeubles. L’opération s’est traduite dans les états financiers de 2021 et les amortissements relatifs à 2020 ont été corrigés dans les résultats reportés en modifications comptables pour 0,648 TND. Cette opération date de 2021 et s’est traduite par l’enregistrement, dans les capitaux propres, d’une réserve spéciale de réévaluation d’un montant de 61,731 MTND.
Côté exploitation, et en dépit d’un chiffre d’affaires de 120,080 MTND en 2022, la marge brute est de -3,031 MTND. Cette situation s’explique par l’augmentation du coût de production de 9,1% à 123,112 MTND et du prix de l’énergie (+43% dans le prix moyen du coke de pétrole), la régression de la production de clinker de -170723 tonnes, les arrêts multiples liés au problème foncier relatif aux deux parcelles 56 et 57 de la carrière et la baisse de la demande locale et extérieure.
Les charges financières ont coûté 12,043 MTND aux Ciments de Bizerte à cause d’une dette financière nette de 144,004 MTND au 31/12/2022.
Pour le premier trimestre 2023, les réalisations étaient modestes. Les ventes ont baissé de 7,8% à 25,857 MTND, vu l’absence d’exportations. La production de clinker continue à enregistrer des perturbations, reculant de 52 100 tonnes par rapport à la même période de l’année 2022. Le point positif est qu’en dépit des difficultés financières, la société continue à honorer ses engagements envers ses fournisseurs.
La société a tous les moyens techniques et humains pour rebondir, mais elle a besoin de temps et, surtout, de moyens financiers. En Bourse, le titre a déjà laissé des plumes en 2023, perdant 45,7% de sa valeur. C’est un investissement pour adulte.