Nous disposons des chiffres des rémunérations versées par l’Etat à ses fonctionnaires, mais nous n’avons pas d’idées sur le volume des salaires servis par les autres opérateurs économiques.
Selon les dernières statistiques, les salaires et traitements bruts en Tunisie se sont élevés, fin 2021, à 55 324,6 MTND (y compris les charges sociales supportées par les employeurs). Si nous tenons compte du coût des employés de la fonction publique, qui s’est élevé à 20 182,2 MTND durant l’exercice concerné, il en ressort que le secteur privé (et les entreprises publiques qui ont leur indépendance financière) a payé en 2021, à titre de rémunérations brutes, la somme de 35 142,4 MTND.
A titre de comparaison, les salaires et traitements bruts étaient de 27 848,6 MTND en 2010. Depuis la révolution, la masse salariale globale en Tunisie a évolué à un rythme annuel moyen de 6,4%.
En termes de moyenne, et en se basant sur le nombre d’actifs en Tunisie fin 2021 (3 428 800, selon l’INS), nous trouvons que le revenu moyen annuel brut d’un Tunisien est de 16 135 TND, soit environ 1 345 TND par mois.
Le salaire brut moyen d’un fonctionnaire de l’Etat (effectif public de 661 703 en 2021) s’élève à 2 542 TND. En revanche, dans le secteur privé, il est seulement de 1 085 TND.
Si nous examinons le rythme de l’évolution depuis 2010, nous constatons que le salaire brut moyen d’un fonctionnaire de l’Etat était de 1 300 TND, contre 539 pour un employé du secteur privé. L’évolution annuelle moyenne sur 2010-2021 était de 6,3% pour les employés de l’Etat et de 6,6% dans le privé.
Le rapport salaire public brut moyen/salaire privé brut moyen est resté quasiment le même, passant de 2,41x en 2010 à 2,34x en 2021.
Deux principales conclusions peuvent être tirées:
La première est que ce différentiel explique la raison pour laquelle les Tunisiens préfèrent toujours la fonction publique. Elle offre un bon niveau de rémunération et une stabilité largement meilleure que celle du secteur privé.
La seconde est qu’il y a encore des entreprises privées qui ne déclarent pas intégralement les salaires réels. La moyenne observée sur le terrain dépasse les chiffres que nous venons de calculer. La lourdeur des charges sociales, la volonté de maximiser les gains et tirer profit de la précarité sociale des chômeurs sont derrière cette réalité.