« La musique donne une âme à nos cœurs, des ailes à la pensée et un essor à l’imagination ». La force de la musique à cultiver la créativité et l’intellect est ici illustrée dans les propos de Platon.
Tunisia 88 est un projet qui aspire à redéfinir le rôle de la musique dans la société des temps modernes, et ce, en bouleversant une vision limitant le rôle de la musique au simple fait de divertir le public.
Ce projet, fruit d’un partenariat entre l’association tunisienne “Action et développement solidaire (ADS)” et l’association internationale “88 International”, consiste à introduire la pratique de la musique dans chacun des lycées secondaires de la Tunisie à travers la création de clubs de musique pour les jeunes et par les jeunes.
Trois hommes, trois histoires, trois regards, un seul projet: faire de la musique un vecteur d’inclusion sociale.
Tunisia 88 est une initiative de trois passionnés de musique. De cultures et de nationalités différentes, ils sont animés de la conviction du rôle éducatif de la musique. En 2011, une rencontre a eu lieu entre Radhi Meddeb, président de l’association «Action et développement solidaire» et Kimball Gallagher, président de l’initiative «International 88». L’un est économiste, engagé pour le développement solidaire et inclusif, l’autre est pianiste, engagé pour l’apprentissage de la musique et la composition musicale. Puis s’est jointe à eux, en 2013, une troisième personne, qui portait en elle les deux dimensions: la dimension artistique et la dimension humaine. Il s’agit d’Ulrich H. Brunnuhir, saxophoniste, mélomane et chef de la Représentation de la BEI en Tunisie, à l’époque. La magie de la musique et les valeurs humaines les ont réunis autour d’un projet, d’une vision intégrée qui fait de la musique un vecteur d’inclusion sociale.
Ensemble, ils ont décidé de créer Tunisia 88. Fervent amoureux de la Tunisie, Kimball Gallagher, pianiste américain, a sillonné la Tunisie, durant des années, en vue d’apprendre aux jeunes la composition musicale et de développer leur potentiel créatif. «J’ai visité la Tunisie la première fois en 2007, en tant que professeur de piano, dans le cadre de stages d’été pour les jeunes artistes tunisiens. J’ai été fasciné par la jeunesse tunisienne, force vive et créative. En elle, j’ai vu un potentiel qu’il fallait développer. Depuis, durant huit années consécutives, je n’ai cessé de revenir en Tunisie pour enseigner le piano et la musique».
Le projet permet aux élèves de développer leur potentiel en cultivant leur créativité et imagination: «Nous n’apprenons pas uniquement la musique aux jeunes. Nous leur apprenons la création. Nous leur offrons un espace effervescent et stimulant où éclot la créativité et se libère le potentiel artistique». A travers les clubs de musique implémentés dans 578 lycées sur tout le territoire tunisien, «nous offrons à la jeunesse des opportunités d’épanouissement et d’expression qui leur donnent la possibilité d’accéder à d’autres horizons et de s’ouvrir sur le monde». Les fondateurs de cette initiative ne manquaient pas de volonté. Mais bon nombre de défis restaient à relever. «Notre plus grand challenge était de changer les mentalités. Autant l’adhésion des jeunes était facile, autant celle des parents, des professeurs et directeurs était difficile.
Ces derniers pensaient que la musique pourrait empêcher les jeunes de réussir leur cursus éducatif. Mais le résultat du projet a prouvé que plus les jeunes sont épanouis, plus ils réussissent». Ulrich H. Brunnhuber, l’un des fondateurs de Tunisia 88, synthétise la philosophie de Tunisia 88 : « C’est un projet d’impact social, basé sur trois principes : la musique, l’inclusion et la transformation. Les jeunes de Tunisia 88 bénéficient d’un accompagnement complet. Ils sont formés à la création artistique, au leadership et à la prise de parole en public. Notre objectif est de les accompagner durant leur processus de transformation d’adolescents à de jeunes adultes».
Malgré les défis, Tunisia 88 a connu un véritable succès: 578 clubs créés et répartis sur tout le territoire tunisien, 52 mille élèves membres et anciens membres et 600 concerts organisés dans les lycées et lors d’évènements publics et privés. En apparence, Tunisia 88 est un projet de musique. En réalité, c’est un projet qui ancre la notion de citoyenneté. «A Tunisia 88, je n’ai pas uniquement consolidé mes acquis musicaux. J’ai appris la responsabilité, la solidarité et l’ouverture sur le reste du monde. J’ai tissé des liens forts qui m’ont permis de percevoir dans la différence culturelle de l’autre une richesse», nous a déclaré Saja Hadj Taieb, membre des alumni de Tunisia 88. Tunisia 88 est donc plus qu’un projet de musique, c’est un projet d’impact social. Une lueur d’espoir pour une jeunesse tunisienne généreuse, talentueuse et ambitieuse.
Ce projet a trouvé un appui auprès de multiples coopérations internationales en Tunisie, particulièrement la Banque européenne d’investissement à travers son institut, les ambassades d’Allemagne, du Canada et des États-Unis. Nous espérons que ce beau projet trouvera écho chez les entrepreneurs tunisiens.