Si les chiffres du déficit commercial enflamment chaque mois la toile tunisienne, ceux corrigés des effets saisonniers sont passés inaperçus. Pourtant, ils permettent de mieux analyser la situation économique du pays.
Si nous prenons les chiffres initiaux, nous constatons que durant le mois de janvier 2023, les exportations et les importations ont, respectivement, augmenté de 21,0 et 9,6%. L’activité du mois de février s’est soldée par une hausse des exportations de 3,5% et des importations de 5,2%. A priori, il y a une dynamique.
Les tendances après la correction des variations saisonnières, qui permet d’éliminer l’effet de fluctuations périodiques infra-annuelles dues au calendrier et aux saisons, sont différentes.
Au mois de janvier, les exportations n’ont progressé que de 2,7% alors que les importations ont diminué de 6,6%. En février, les exportations se sont inscrites en baisse, reculant de 6,7%, et les importations ont confirmé leur trend baissier, reculant de 5,1%. Hors produits énergétiques, les exportations de février enregistrent une baisse de 1,0% et les importations diminuent de 8,3%.
La baisse des exportations est principalement due à un net repli de celles du secteur de l’énergie de 74,6%. Par ailleurs, les exportations des industries mécaniques et électriques ont baissé de 3,7%. Le secteur du textile, de l’habillement et du cuir a également enregistré un recul de 2,5%. Certaines activités ont réalisé un bon début d’année, à l’instar des industries agroalimentaires (+3,8%) et du secteur minier (+12,8%).
Quant aux importations, à leurs plus bas niveaux depuis mars 2022, la baisse provient de tous les groupes de produits, à l’exception de l’énergie (+12,8%).
En valeur absolue, le déficit commercial mensuel au mois de février 2023 est de -1 526,5 MTND contre -1 263,3 MTND selon les chiffres non corrigés. En janvier 2023, il s’est élevé à -1539,8 MTND, contre -1 095,4 MTND initialement publié. Cela nous donne un taux de couverture de 76,2% fin février 2023, contre 81,0% selon les statistiques ignorant les effets de calendrier.
La principale conclusion est que les carburants sont en train de plomber les comptes de la nation. Après une décennie de désinvestissements dans l’exploration de nos ressources, la Tunisie est devenue énergétiquement dépendante. Le passage au solaire et à l’éolien est une priorité nationale.