Mieux vaut tard que jamais. SIPHAT a publié ses états financiers pour le premier semestre 2020, soit un retard de près de 30 mois.
La première moitié de 2020, qui a été marquée par la crise sanitaire, a enregistré une perte de 9,754 MTND. Les revenus d’exploitation ont totalisé 9,312 MTND. Ce chiffre est loin de pouvoir couvrir les charges d’exploitation du laboratoire pharmaceutique, dont les seules charges de personnel ont atteint 9,222 MTND sur la période. En outre, les charges financières de la période sont de 2,913 MTND à cause d’une dette financière de 26,013 MTND.
Le plus intéressant reste la conclusion défavorable du Commissaire aux comptes, en raison de l’importance des réserves et limitations soulevées. Ils rapportent que les états financiers « ne donnent pas une image fidèle, dans tous leurs aspects significatifs, de la situation financière intermédiaire de la société SIPHAT ainsi que de sa performance financière et de ses flux de trésorerie pour la période close à cette date [30/06/2022] ».
Parmi ces manquements, la SIPHAT n’a pas procédé à l’inventaire physique des immobilisations corporelles et incorporelles depuis plusieurs exercices. De même, elle ne procède pas à l’estimation de la valeur résiduelle lors de l’acquisition des équipements industriels et des matériels de transport et applique deux taux d’amortissement différents pour une même catégorie homogène d’immobilisation. Cela implique un sur amortissement des outils de production et des bâtiments.
Cette politique d’amortissement erronée a un impact direct sur le coût de production des produits fabriqués qui se retrouve réduit, ne supportant aucune charge d’amortissement étant donné que leurs machines de production sont totalement amorties comptablement alors qu’en réalité, elles continuent toujours à contribuer à la fabrication de certains médicaments.
Autre problème : le système de gestion de stock présente de nombreuses anomalies en matière de clôture des comptes, du respect de principe de séparation de périodes et en matière de valorisation, ce qui remet en cause la fiabilité des valeurs des stocks présentés au niveau des états financiers.
Il y a aussi des réserves sur la comptabilisation de certaines opérations bancaires et d’autres relatives au fonds social.
Ce que nous venons d’exposer n’est que quelques-unes des insuffisances accablantes relevées par le Commissaire aux comptes. Elles prouvent que la SIPHAT nécessite une profonde organisation interne avant de penser à une recapitalisation. C’est primordial pour un laboratoire qui desserve les hôpitaux publics en premier lieu.