En février dernier, Jean-Luc Revereault, chef de la représentation de la BEI en Tunisie, avait dévoilé que la valeur des financements non-décaissés octroyés à la Tunisie a atteint le 1 milliard d’euros en 2019. Depuis, le stock de financements non décaissés a baissé de 20%. C’est ce qu’a indiqué Revereault dans une conférence de presse organisée à Tunis.
Les raisons de ce cumul de fonds non utilisés sont nombreuses, comme l’a expliqué le responsable européen. “Entre le moment où nous saisissons un projet et le moment où nous allons pouvoir signer le contrat de financement ou encore décaisser le prêt, il y a énormément de travail qui se fait”, a-t-il indiqué. Ce processus peut durer des années ― jusqu’à 19 ans comme pour le cas d’un projet signé avec l’ONAS en 2004!
Revereault a ajouté que le processus de la BEI est tellement rigoureux que, une fois qu’un projet est validé par l’institution, “on est sûr qu’il est économiquement rentable, techniquement solide et qu’il a une justification sociale et environnementale”.
Le chef de la représentation de la BEI en Tunisie a également évoqué un autre point qui contribue à la prolongation des délais: l’incompatibilité entre les lois tunisiennes de passation de marchés et les règles de la BEI.
Pour les projets qu’elle accompagne, la banque applique en effet “tout un corpus de règles environnementales, sociales, etc. que l’emprunteur et le prometteur s’engagent à respecter”, a indiqué Revereault.
L’incompatibilité entre les lois locales et les règles de la banque a suscité “pas mal d’incompréhension”, d’après le responsable de la BEI, de la part de certains promoteurs, notamment les entreprises publiques. Ces dernières, a-t-il expliqué, “étaient habituées à suivre les règles de passation sur le marché tunisien”.
Ainsi, d’après les règles de la BEI, il n’est par exemple pas possible de lancer un appel restreint ou à l’international. Le bailleur de fonds a dû donc accompagner les donneurs d’ordre notamment par la formation. “Ces efforts ont commencé à donner leurs fruits et on constate l’augmentation des montants décaissés”, a affirmé Revereault. Et d’ajouter: “En 2023, nous visons d’atteindre les 200 millions de décaissements. Nous allons accélérer le montant des décaissements et la mise en œuvre des projets”.