Alors que la productivité de la filière céréalière et son développement sont menacés par des problèmes structurels (morcellement des terrains, changements climatiques…), techniques (plus de 75% de monocultures, manque d’encadrement…) et financiers (financement des investissements, difficultés d’accès aux crédits…), le CMA emprunte la voie des contrats de culture pour encourager la production. Fayçal Mkaouar, Dr Vétérinaire diplômé de l’Ecole Nationale de Médecine Vétérinaire de Tunis, 20 ans d’expérience dans le secteur avicole dont 13 ans dans une multinationale américaine d’industrie pharmaceutique occupant le poste de Directeur de la zone de l’Afrique du Nord et de l’Ouest. Opérant dans le secteur agricole depuis 5 ans, il est actuellement Directeur Général du Comptoir Multiservices Agricoles- CMA.
Notre mission au CMA, en tant que collecteur, est de contribuer à l’autosuffisance alimentaire en Tunisie, avec un engagement total sur la qualité et dans le respect de l’environnement. Il faut dire que le développement de la société n’est pas uniquement tributaire de la filière céréalière mais de la prospérité de toutes les filières des grandes cultures qui souffrent de facteurs d’ordres structurels, techniques et financiers. Pour contribuer à l’amélioration de la productivité céréalière, nous avons développé une solution d’encouragement de la production: les contrats de culture », indique M. Fayçal Mkaouar, Directeur Général du CMA.
Le contrat de culture du CMA : Une solution prometteuse pour minimiser la monoculture
Ce concept fait partie de la stratégie portée par l’entreprise, convaincue des opportunités d’amélioration des rendements, « une production des céréales en Tunisie qui demeure fluctuante, enregistrant un manque à gagner de l’ordre de 50% en moyenne par an par rapport aux besoins d’une population sans cesse croissante ». Il estime que le secteur céréalier en Tunisie demeure un secteur fragile qui continue d’importer une bonne partie de ses besoins, ce qui confère à la Tunisie un taux de dépendance vis-à-vis des céréales importées de 33% pour le blé dur, 85% pour le blé tendre et 70% pour l’orge; soit un taux moyen de 63% pour le total des céréales. En valeur, les importations céréalières représentent une part qui se situe entre 40 et 50% des importations alimentaires.
Engagée pour contribuer aux efforts publics, le CMA, qui opère depuis 20 ans en tant que société mandataire auprès de l’Office des céréales pour la collecte et le stockage des grains céréales, voudrait contribuer à l’amélioration des rendements des terres agricoles qui restent très fluctuants et au-dessous du potentiel de production, ne dépassant guère en moyenne les 25 q/ha pour le blé dur, 21 q/ha pour le blé tendre et 16 q/ha pour l’orge. C’est dans cet esprit que le CMA table sur la prospérité des filières des grandes cultures et non pas uniquement de la filière céréalière. Pour ce faire, l’entreprise a mis en œuvre un plan stratégique pour agir en amont afin d’accompagner les agriculteurs par une assistance technique et financière à même de booster la filière et libérer un potentiel sous-exploité.
Un nouveau concept équitable et durable
Il s’agit de contrats pour toutes les filières des grandes cultures de rotation qui offrent des opportunités win-win aux quatre grands partenaires du concept: les agriculteurs courent moins de risques à l’accès au financement, à l’approvisionnement en intrants bénéficiant d’assistances techniques nécessaires à la production. Les collecteurs bénéficient quant à eux de l’augmentation du rendement des céréales et de la pérennité de la filière. Les transformateurs garantissent la sécurité de l’approvisionnement en matières premières locales de qualité. L’Etat en tire également parti en gains de devises en économisant l’import de matières premières et en affichant une démarche favorable à l’autosuffisance. « Pour toutes ces raisons, le CMA a pris l’engagement d’intéresser les agriculteurs via des contrats équitables entre les droits et les obligations des parties prenantes, la solution la plus prometteuse pour minimiser la monoculture en vue d’une production agricole rentable et durable», commente M.Fayçal Mkaouar.
Les cultures de rotation, partie intégrante de la stratégie de culture du blé
Seulement, pour que les contrats de culture donnent le meilleur de leur potentiel, ils doivent impérativement s’inscrire dans une logique de rotation des cultures échelonnées au fil des années sur une même parcelle: « Le choix des bonnes rotations est primordial pour une meilleure gestion de la fertilité des sols et de la menace des bioagresseurs. Par ailleurs, c’est un atout pour l’augmentation des rendements. En effet, plusieurs problèmes entravent le développement de la culture des légumineuses et des cultures industrielles qui entrent en rotation avec les céréales : absence d’une filière industrielle permettant d’absorber toute la production, absence de marché à terme (visibilité des prix), faible niveau d’intensification de ces cultures alternatives », explique M.Fayçal Mkaouar. C’est ici que les contrats de culture se révèlent fort intéressants, puisqu’ils consistent à produire selon la demande du marché à un prix fixé d’avance pour l’agriculteur.
De plus, le rôle du CMA n’est pas uniquement d’accompagner les agriculteurs par les conseils techniques et la disponibilité des intrants mais de s’assurer aussi de la vente du produit final: «Etant donné que nous visons à développer la culture stratégique du pays (c’est-à-dire le blé), les cultures de rotation font partie intégrante de cette stratégie. Aujourd’hui, la superficie des cultures stratégiques se scinde environ en 550 000 ha de blé dur, 500 000 ha d’orge et 60 000 ha de blé tendre. Quant aux besoins en assolement, ils sont évalués à 200 000 ha alors que l’allocation accordée n’est que de 100 000 ha répartis entre tournesol, féverole, pois chiche, colza… Ce concept de l’agriculture contractuelle des cultures de rotation est un levier stratégique et fort important pour l’agriculture tunisienne, couplé à l’export il devient un levier de diversification et de création de richesse pour toutes les chaînes de valeur agricoles et agro-alimentaires.