La Banque nationale suisse (la banque centrale helvétique) a annoncé hier une perte sèche de 132 milliards de francs suisses (447 milliards de dinars) pour l’exercice 2022. Il s’agit de la plus grosse perte en 116 ans d’histoire de la Banque centrale, et elle équivaut à près de 18% du PIB du pays. Elle ne pourra donc pas effectuer les versements habituels au gouvernement suisse et aux États membres. Les paiements à ses actionnaires devraient également être affectés.
Cette situation a été causée par ses postions en devises étrangères (131 milliards de francs) et celles en franc suisse (1 milliard de francs). Dans un contexte de forte progression du franc, les investisseurs du monde entier se sont rués vers ce qui était perçu comme une valeur refuge dans un contexte de volatilité. Depuis juin 2022, le franc suisse s’échange au-dessus d’un euro, un niveau qu’il n’avait auparavant que brièvement touché, en 2015, après avoir abandonné son ancrage à 1,20 à la monnaie unique. Historiquement, la Suisse a toujours tenté de limiter la force du franc en raison de son économie fortement axée sur les exportations.
L’année 2022 a été aussi marquée par les pertes subies qui ont touché au portefeuille actions et obligations détenues par la banque à la suite de la baisse générale des marchés. Toutefois, elle a gagné 400 millions de francs grâce à ses avoirs en or.
Mais ce résultat négatif ne modifiera pas la politique monétaire de la banque. En décembre, elle a relevé ses taux d’intérêt pour la troisième fois en 2022, à 1%. Cette mesure visait à contrer une inflation de 3%, bien inférieure au taux d’inflation de la zone euro. Les analystes s’attendent à de nouvelles hausses de 100 points de base en 2023.