Alors que le torchon brûle entre l’UGTT et le gouvernement, le sujet des subventions sera le thème de l’année 2023. Trois volets sont particulièrement importants dans ce chapitre et touchent directement au quotidien de chaque Tunisien.
Le premier est la compensation des produits alimentaires, estimée à 2 488 MTND. Elle est répartie sur cinq classes de produits: les céréales (1 736 MTND), l’huile végétale (400 MTND), le lait (232 MTND), les pâtes et couscous (110 MTND) et le sucre (10 MTND).
Le deuxième est la compensation des entreprises publiques opérant dans le secteur du transport, dont l’enveloppe s’élèvera à 640 MTND. Les sociétés régionales de transport bénéficieront de 393 MTND, et ce, hors la Transtu qui aura à elle seule 141 MTND. 76 MTND seront accordés à la SNCFT, 16 MTND à la Société nouvelle de transport de Kerkennah, 10 MTND à Tunisair Express et 3 MTND à la SNTRI.
Le troisième est la subvention des carburants, estimée à 5 699 MTND. Ce montant sera réparti entre la STIR (2 991 MTND) et la STEG (2 668 MTND). La réduction de l’effort de la compensation sera importante cette année, avec des révisions des prix à la pompe de 1 691 MTND et des augmentations des prix de l’électricité pour 759 MTND.
En tout, ces subventions vont totaliser 8 827 MTND, soit 12,6% du budget. C’est significatif mais permet un minimum de stabilité sociale et de dignité de vie. Le problème est que leur rationalisation et remplacement par des transferts est idéal pour le gouvernement, mais une très mauvaise affaire pour le citoyen.
Si nous prenons l’hypothèse que véhicule le gouvernement et qui parle de 8 millions de bénéficiaires de ces transferts, et que les subventions actuelles profitent à 11,783 millions d’habitants (dernière estimation de l’INS), chaque citoyen aura 749 TND par an en cas de levée totale de compensation, soit environ 63 TND par mois. A notre avis, c’est le montant maximal qu’un Tunisien pourra toucher. L’Etat réduira de la sorte sa contribution à 5 992 MTND, économisant au passage 2 835 MTND.
Distribuer autant d’argent signifie automatiquement plus d’inflation, non seulement à cause d’une masse monétaire plus grande, mais aussi en raison de l’explosion des prix de la consommation hors ménage. Le prix d’un sandwich ou d’un café ne sera plus le même, les exigences salariales vont devenir plus aiguës et tous les biens et services suivront la tendance. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Banque centrale table sur une inflation à deux chiffres en 2023 en dépit de la baisse des prix sur les marchés internationaux et de l’ajustement attendu dans la parité EUR/USD. Le plus dur est à venir.