«Les ressources en eau se dégradent et se raréfient et le changement climatique exacerbe cette situation. Des défis auxquels le ministère répond avec une stratégie à l’horizon 2050 pour la valorisation de l’eau, la gestion des ressources de surface et souterraines, la création de synergie eau/territoire, la gouvernance, la rationalité», atteste Mahmoud-Elyes Hamza, ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, à la faveur de l’atelier de démarrage de l’appui à la réforme institutionnelle de la Régie des sondages hydrauliques (RSH) lancé le 18 novembre 2022 sous la tutelle du ministre; une réforme dont le but ultime est de renforcer la mobilisation des ressources en eau de la Tunisie.
Il fait référence à l’étude ‘Tunisie: Eau 2050’ qui prône les orientations d’une stratégie d’optimisation en 3 points. D’abord, diminuer les superficies des cultures irriguées trop consommatrices d’eau destinées à l’exportation, car elles consomment 25% des volumes d’eau destinés au secteur agricole et ne rapportent que 11% en valeur des exportations agricoles. Ensuite, renforcer l’agriculture pluviale dont l’apport en valeur ajoutée à l’exportation est élevé et l’impact direct sur les ressources en eau est faible. Enfin, saisir l’intérêt à n’importer que le nécessaire de produits agricoles de grande consommation d’eau pour compenser les déficits internes alimentaires et hydriques tout en exportant des produits agricoles de faible consommation d’eau et de forte valeur ajoutée.
Mahmoud-Elyes Hamza soutient que ces stratégies impliquent de faire évoluer les institutions: «La RSH a joué un rôle capital pour l’exploitation des ressources souterraines en eau, permettant aux sociétés privées de jouer plus tard leur rôle et de véhiculer des projets dans les zones éloignées, par exemple la région de Rjim Maâtoug. Mais la Régie a connu une baisse d’activité depuis les années 2000. Elle a seulement 6 forages aujourd’hui, elle souffre aussi de la vétusté des moyens d’exploitation. Son dossier a été examiné plusieurs fois et, en 2014, il était clair que changer le cadre institutionnel était nécessaire pour lui conférer plus de flexibilité, plus de transparence, le respect des normes techniques».
La réforme institutionnelle de la Régie était donc naturelle et c’est dans ce sens qu’il faut lire le projet de décret présidentiel qui opte pour la création d’une nouvelle structure nommée «Société nationale des sondages hydrauliques» en tant qu’établissement public à caractère non administratif (EPNA). «Une nouvelle identité juridique et fonctionnelle qui lui permettra d’accroître ses performances et d’assurer un plus grand rôle aux niveaux économique, social et environnemental et le personnel sera formé au nouveau mode de fonctionnement. Septembre 2022 a marqué le point de départ du projet qui sera clôturé à la mi-2023 et une réflexion a été lancée pour mettre en place les fondements d’une transition qui va toucher tous les aspects, car cette réforme aura un impact direct non seulement sur le fonctionnement de la régie, mais aussi sur l’ensemble du secteur de l’eau», ajoute-t-il.
Pour lui, il est ainsi clair que le projet a le double intérêt de la réforme en soi et l’exemple pour d’autres institutions publiques qui doivent satisfaire aux critères de performance.
Rappelons que l’atelier de réforme institutionnelle de la RSH a été organisé dans le cadre du partenariat tuniso-allemand pour une meilleure mobilisation des ressources en eau souterraine, notamment dans les zones déshéritées et difficilement accessibles, afin de contribuer à l’amélioration de leur niveau de vie et de leurs revenus et de renforcer leur intégration dans l’économie du pays.