Quand l’immobilier va, tout va. C’est un principe universel mais en Tunisie, il est en panne depuis quelques années, à l’image du pays.
Souffrant déjà de problèmes structurels qui ont rendu l’accès à une maison une mission difficile pour un ménage, les promoteurs immobiliers vont maintenant faire face à un autre obstacle à la demande: l’impôt sur la fortune récemment imposé par la loi de finances 2023. Dorénavant, il faut faire attention à la valeur marchande de ses biens, de peur qu’ils dépassent 3 MTND. De plus, la majorité des Tunisiens semblent être convaincus qu’il s’agit d’une première étape par l’administration fiscale et que ce seuil sera révisé à la baisse durant les prochaines années. Les actifs vont devenir une source de charges croissantes et annuelles. C’est même un casse-tête, car la détermination de la valeur de l’actif pose le même problème.
A court terme, et en attendant que les opérateurs économiques dosent le comportement de l’administration, le marché de l’immobilier de luxe devrait stagner dans le meilleur des cas. Pour les promoteurs, ils ne peuvent plus agir sur la demande par des remises de prix par exemple. Le nouvel élément fiscal échappe totalement à leur contrôle.
Le segment qui reste porteur est l’immobilier social ou l’économique amélioré, destiné aux ménages à revenus moyens. Les taux d’intérêt sur les crédits bancaires, les prix de vente, l’effritement du pouvoir d’achat et de la capacité à épargner ont poussé un bon nombre de foyers à reporter leurs projets d’acquisition.
Le sort du secteur immobilier n’est pas à négliger. Il emploie une main-d’œuvre massive et détient un encours de crédits élevé auprès des banques: 5 274 MTND fin septembre 2022.
Économiquement, il paraît que la Libye sera la bouée de sauvetage pour un bon nombre d’opérateurs. La récente visite de l’UTICA à Tripoli, consacrée aux constructeurs et promoteurs immobiliers, devrait offrir une bouffée d’oxygène aux plus grandes entreprises. Celles de petite taille doivent batailler pour survivre.