C’est une approche de designer qu’emprunte Abdelkader Boudriga, lors des Journées de l’entreprise, en commentant son étude de mesure des fragilités; dans ce sens où cette mesure de la fragilité (que ce soit celle d’une population, d’un territoire…) est une question complexe en raison de la diversité des indicateurs qui peuvent être pris en considération (par exemple les conditions d’emploi, les revenus, la formation, le logement, la santé…).
En cette qualité de designer des politiques publiques, il détermine les enjeux derrière l’approche: «Mesurer la fragilité est un exercice pionnier dans les régions. A l’origine, cet exercice a été véhiculé par certains pays européens; une démarche qui a commencé en 2021, précisément pour mesurer les dépendances stratégiques. L’exercice ne remet pas en cause notre intégration dans les CVM».
Car l’intégration en amont dans les CVM (chaînes de valeur mondiales) fait souvent référence au contenu en valeur ajoutée étrangère des exportations d’un pays; alors que son pendant (l’intégration en aval) désigne le contenu en valeur ajoutée locale des exportations de pays tiers (calculée comme la valeur ajoutée totale des intrants intermédiaires…).
Pour lui, les ambitions de cette approche visent le plus haut sommet: «La mesure des fragilités doit être intégrée dans le processus décisionnel. L’idée est de réfléchir en connexion, en réseau, à atténuer ces risques. D’ailleurs, sur les 26 produits de l’étude, il y a une possibilité manifeste d’atténuation et l’idée est d’intégrer ces balises de fragilité pour répondre de manière récursive à une interrogation capitale: quelles sont les filières touchées?
C’est à partir de là que nous entamons le chemin qui nous permet de construire les capacités d’analyser nos propres fragilités et de mesurer celles des autres en détail. De fait, analyser les fragilités de nos partenaires représente aussi des opportunités pour l’économie tunisienne».