La Banque mondiale a publié son dernier Diagnostic Systématique de Pays au sujet de la Tunisie. Cet état des lieux de la situation nationale dresse un portrait d’une situation assez critique, tant au niveau de l’économie, des finances ou de la gouvernance.
La démarche des DSP
Le communiqué publié à cette occasion informe au sujet des challenges traversés par chaque pays et à la bonne façon de les surmonter. “Ce type de rapport, produit pour les pays partenaires tous les cinq ans, permet d’identifier les principaux défis et opportunités pour accélérer les progrès dans le rétablissement de la confiance, la satisfaction des aspirations et, en fin de compte, la contribution au double objectif du Groupe de la Banque mondiale de mettre fin à la pauvreté absolue, et de stimuler durablement la prospérité partagée.”
En d’autres termes, le DSP est destiné à devenir l’un des points de référence pour les consultations sur les priorités de l’engagement de la Banque mondiale dans le pays et une contribution au débat public portant sur la voie à suivre par la Tunisie. Les conclusions sont issues d’une analyse approfondie, et elles sont éclairées par des consultations avec les parties prenantes concernées. « Nous sommes reconnaissants au Gouvernement et à toutes les parties prenantes concernées pour leur étroite collaboration et leurs précieuses contributions tout au long du processus de DSP. Ce rapport constitue une base importante pour le nouveau Cadre de Partenariat Pays (CPF) de la Banque Mondiale pour la Tunisie, qui va définir notre soutien financier et analytique à la Tunisie pour les cinq années à venir », déclare Alexandre Arrobbio, Directeur Pays de la Banque Mondiale pour la Tunisie.
Le résumé de la Banque Mondiale
Traduire de l’anglais, la présentation du rapport synthétise une conjoncture délicate. “Ce Diagnostic Systématique de Pays (DSP) intervient à un moment critique en Tunisie. Depuis la révolution de 2011 et la promulgation d’une nouvelle constitution en 2014, la Tunisie navigue dans une transition politique difficile. Bien qu’il y ait eu des gains dans la réduction de la pauvreté, la confiance du public dans le gouvernement a fortement diminué, et l’économie a stagné. La pandémie de COVID-19 et plus récemment les effets de la guerre en Ukraine ont également exacerbé les tensions sur l’économie, les finances publiques et la confiance du public dans le gouvernement. En partie à cause de ces tendances, les récents événements politiques depuis le 25 juillet 2021 ont marqué une rupture avec le modèle constitutionnel de 2014, et ont créé une grande incertitude quant à la direction future de la transition tunisienne.”
L’opinion de la Banque Mondiale
“Au moment de la rédaction de ce rapport, on ne sait toujours pas quelle forme prendra le nouveau modèle politique et constitutionnel de la Tunisie dans les années à venir. Le SCD Tunisie adopte une vision décennale des tendances en Tunisie depuis 2011, en établissant des comparaisons avec d’autres pays comparables, et en suggérant des voies futures possibles. Le Groupe de la Banque mondiale entreprend des DSC en tant qu’exercice de diagnostic pour identifier les principaux défis et opportunités afin d’accélérer les progrès en vue de rétablir la confiance et de répondre aux aspirations des citoyens, et finalement de contribuer au double objectif du Groupe de la Banque mondiale de mettre fin à la pauvreté absolue et de stimuler la prospérité partagée de manière durable. Il est destiné à devenir un point de référence pour les consultations sur les priorités de l’engagement du Groupe de la Banque mondiale dans les pays. Il est également conçu comme une contribution au débat public sur la voie à suivre par la Tunisie. Cette perspective à plus long terme signifie que le DSC de la Tunisie ne met pas l’accent sur les événements récents, mais cherche plutôt à les situer dans le contexte plus large des tendances en matière de croissance équitable, de réduction de la pauvreté et de capacité de l’État.” déclare le rapport.
Le sujet du chômage dans le résumé exécutif
Économiquement vacillante, la Tunisie est désormais de moins en moins apte à répondre aux aspirations de ses citoyens et à leur offrir de meilleurs emplois, comparativement à la période antérieure à la Révolution.
La création d’emplois a reculé sous l’effet de l’incapacité de l’économie à générer suffisamment d’opportunités à même de répondre aux pressions démographiques, notamment en ce qui concerne les diplômés universitaires et la population active dans la force de l’âge. La structure de l’emploi n’a pas particulièrement changé au cours des deux dernières décennies, reflétant la lenteur de la transformation structurelle de l’économie et de la concentration des emplois dans les secteurs à faible productivité. D’autres défis structurels continuent d’altérer le marché du travail tunisien, comme cela a été le cas sous
le régime de Ben Ali : en 2019, le pourcentage de jeunes inactifs (qui ne sont pas scolarisés et n’exercent aucun emploi) s’est situé à 32% et les taux de chômage étaient particulièrement élevés, notamment chez les diplômés du supérieur (27%), les femmes (22,5%) et les jeunes (34,4%), avec des disparités régionales notables. L’informalité du travail demeure un enjeu clé pour les jeunes, plus particulièrement pour les travailleurs peu qualifiés engagés dans les secteurs à faible productivité, connus pour être les principaux employeurs de la main-d’œuvre issue des segments pauvres de la population.