La crise économique post-Covid a imposé aux entreprises de se réinventer. Articulant son intervention autour du Festival de l’intelligence économique francophone (FIEF 2022), l’économiste Radhi Meddeb estime que l’idée de la francophonie doit sortir de son cadre traditionnel, qui est culturel et humaniste, vers un cadre économique qui épouse les problèmes économiques. La Francophonie est restée fidèle à la pensée des pères fondateurs de la Francophonie institutionnelle, Senghor et ses homologues tunisien, Habib Bourguiba, nigérien, Hamani Diori, et cambodgien, Sihanouk, ont souhaité impulser le développement humain dans leurs pays et mettre le français au service de la solidarité, du développement et du rapprochement entre les peuples. Et ces précurseurs se sont attachés à la généralisation de l’éducation, à la promotion de la culture et de l’homme au sens humaniste du terme.
Radhi Meddeb voit que les exigences des populations et plus particulièrement celles des jeunes de l’espace francophone sont des préoccupations économiques qui peuvent se concrétiser à travers un travail digne, la liberté d’entreprendre mais aussi de meilleures conditions sociales.
Le projet francophone a sans cesse évolué depuis la création de la convention portant création de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), devenue l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Au fil des années, l’organisation s’est structurée, modernisée, a développé ses actions politiques et de coopération, ses réseaux, ses partenaires. Elle est devenue un acteur multilatéral reconnu et un modèle de diversité.
Ainsi, il faut avouer que si la Francophonie veut perdurer et s’inscrire dans l’esprit de ses fondateurs, elle doit intégrer une dimension économique et s’intéresser au quotidien des populations.
L’initiative de cette première édition est de bien réfléchir sur une modalité puissante d’intégration de la dimension économique dans les politiques publiques de l’espace francophone. L’intelligence économique (IE) doit agir comme une vigie, dans l’optique d’obtenir un avantage compétitif et des gains pour l’entité qui la pratique.
Les travaux ont été conclus par un livre blanc, signé par 35 auteurs de 5 continents, de 30 propositions que nous souhaiterions porter à la connaissance des chefs d’Etat et de gouvernement réunis au sommet de la Francophonie à Djerba. “De même, nous allons nous organiser pour en faire un suivi pendant les deux ou trois années qui suivent auprès de la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie. D’ailleurs, les discussions menées lors du forum ressortent des propositions concrètes au service des Etats, des entreprises…”, dira Radhi Meddeb.
L’idée est de doter les pays francophones de la capacité de l’IE, pour les protéger et promouvoir les opérateurs économiques (Etats, entreprises publiques ou privées, individus, etc.) afin de leur permettre d’accéder aux données, qui ne sont pas toujours disponibles immédiatement sur le marché; des données traitées, élaborées, étudiées et mises à leur disposition. Et ce, dans l’intention de faire face à une concurrence de plus en plus complexe, dans une globalisation qui est pour le moment peu maîtrisée par les pays.
Plus d’une centaine d’événements sont prévus au Village de la Francophonie. Avec, notamment, la 1ère édition du Festival de l’intelligence économique francophone tenu le 17 novembre et qui est organisé par le Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE) et parrainé par Radhi Meddeb.
Rappelons que le FIEF, qui est un cadre idéal pour développer le réseautage avec les opérateurs économiques et créer des opportunités d’investissement, a été précédé d’une formation internationale du 14 au 16 novembre sur le thème «Intelligence économique et stratégie de conquête des marchés francophones».
Une belle vitrine pour les organismes publics ou privés souhaitant rayonner dans l’espace francophone à la faveur du sommet de Djerba.