Le secteur de la concession automobile est parmi les plus ciblés par les critiques. Il est considéré comme un symbole des oligopoles en Tunisie et une activité qui spolie le peu des devises du pays. Pourtant, il contribue significativement aux droits de douanes et de consommation, sans oublier les emplois qu’il assure directement et indirectement.
Étant encadrées par le système de quotas, les importations des concessionnaires ne sont pas libres et la fragilité actuelle de la balance des paiements n’est pas en leur faveur. Selon les chiffres consolidés des distributeurs cotées à la Bourse de Tunis (Ennakl Automobiles, City Cars, STA et ARTES), les ventes ont reculé de 11,4% jusqu’à fin septembre 2022 à 739,160 MTND. L’essentiel de la baisse provient des contreperformances d’ARTES qui a vu ses ventes divisées par deux (88,957 MTND) à cause des difficultés d’approvisionnement que l’ensemble du Groupe Renault connaît. Mais même hors les réalisations de la marque au losange, une baisse a été enregistrée, confirmant le contexte tendu pour l’ensemble des opérateurs.
La même tendance a été observée pour la profitabilité opérationnelle, avec un recul de la marge brute globale de 4,2% à 134,348 MTND. En revanche, calculée en pourcentage, elle a progressé de 137 points de base à 18,1%. Cela prouve que les concessionnaires ont partiellement compensé la tendance baissière des volumes par une révision à la hausse des prix. De plus, la majorité des importations sont réalisées en Euro, qui s’est stabilisée en 2022, ce qui contribue à l’amélioration des marges.
Pour le reste de l’année, il ne faut pas s’attendre à une surperformance particulière au cours du dernier quart de l’année. Pour les dividendes, ils seraient stables au vu de la structure du capital de ces sociétés, qui sont tous des groupes privés qui veulent récupérer un maximum de cash de ces entités. Déjà, les concessionnaires disposent d’un niveau confortable de trésorerie, à 133,707 MTND fin septembre 2022.
Avec le cadre réglementaire en vigueur, le potentiel du secteur reste fortement limité. Une libéralisation couplée à une révision des taxes serait même une mesure déflationniste à terme car la concurrence ne peut que faire baisser les prix.