Le peuple tunisien est un gros consommateur de pain. Ce secret de polichinelle a joué un rôle important dans la sécurisation du marché national qui comprend plus de 3200 boulangeries. Toutefois, les problèmes dans le secteur ne cessent de s’accumuler.
Une distinction à mettre en lumière
Les boulangeries de type “C” spécialisées dans le petit pain ou baguette vendu avec un prix raisonnable autour des 190 millimes sont subventionnés par l’Etat à travers la Caisse générale de compensation. Alors que les boulangeries dites modernes vendent la baguette à 250 millimes quoiqu’elles achètent une farine de bonne qualité non subventionnée.
Toutefois, le secteur boulangerie est confronté de nos jours à un dilemme: entre les anciennes boulangeries subventionnées par l’Etat (qui relève de la chambre syndicale des boulangeries de l’Union Tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat “UTICA”) et les boulangeries dites modernes non subventionnées (affiliées à la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie “Conect”).
Les subventions ont créé des problèmes
Les textes juridiques de subventions des produits de base, figés et non révisés depuis 1970 sont aujourd’hui dépassés au vu du contexte inflationniste dans lequel se trouve le pays..
L’Etat n’est plus en mesure de subvenir aux boulangeries spécialisées en baguette, qui se trouvent désormais incapables de continuer leurs activités vu qu’elles n’ont pas reçu les subventions des 14 derniers mois. Ainsi ils ont supporté tous les frais qui dépassent leurs recettes. Ils réclament le remboursement des dettes. C’est leur avenir qui est en jeu.
“Les professionnels du secteur de type “C” ne sont pas en capacité de supporter le coût de la production du pain non-subventionné”, a souligné le président du groupement professionnel des boulangeries modernes, relevant de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT), Mohamed Jamali.
Cette difficulté pousse l’Etat à remettre en cause le corpus de subventions
Hier, un sit-in des professionnels des boulangeries subventionnées a eu lieu dans le siège de l’UTICA. Selon l’étude de la filière boulangerie en Tunisie faite par Conect en avril 2021, “le système de subvention du pain a accumulé ces dernières années, de nombreux problèmes qui ont conduit à la surproduction du pain et au gaspillage de la farine, principal intrant, à son exploitation à des fins autres que celles qui lui sont destinées et au commerce illégal”. D’autant plus que ce système a introduit des distorsions dans la filière et a découragé les agriculteurs.
Remplacer les subventions par ….
Conformément à une décision de la Chambre nationale des boulangeries, les boulangeries ont entamé une grève générale jusqu’à nouvel ordre, attendant la satisfaction de leurs revendications présentées au ministère de tutelle. Ils demandent au moins un remboursement de 4 mois pour reprendre leur activité. Si l’Etat n’est pas en mesure de rembourser au moins les 4 mois, ils réclament une levée des subventions accompagnée d’une hausse du coût de la baguette, en fonction d’un prix compensant les subventions non reçues par l’Etat, sans toucher à leur statut juridique.
Les Tunisiens posent de nombreuses questions
On ne peut pas nier qu’aujourd’hui les tunisiens s’intéressent beaucoup au coût de baguette afin de mettre en avant les innovations dédiées au secteur boulangerie-pâtisserie, la quasi-totalité des pâtisseries actuelles cherchent à s’adapter aux exigences du marché et les Tunisiens demandent plus d’éclaircissement sur la destinée des subventions prévues aux boulangeries qui s’approvisionnent en farine subventionnée?
En outre, le consommateur accorde de l’ importance à la monnaie de 10 millimes. ”Beaucoup de boulangeries n’ont pas la monnaie de 10 millimes, la baguette à 190 millimes est souvent payée 200. Si elle passe à un autre prix, on aura le même résultat.” La question qui reste en vigueur est celle de la sensibilisation du consommateur à la rationalisation de la consommation pour éviter le gaspillage .