A la suite de l’accord passé entre la Tunisie et le FMI, Mohsen Hassan, économiste et ancien ministre du Commerce, répond aux questions de Managers concernant les implications et les recommandations relatives à cet accord.
Un accord ouvrant la porte à d’autres sources de financement
L’accord conclu entre le Fonds monétaire international et le gouvernement tunisien pour 1,9 milliard $ sur 4 ans est, selon Hassan, un accord positif favorable. “Ce premier accord va permettre à la Tunisie de lever des fonds et d’entamer, théoriquement, des réformes économiques indispensables. Les autres sources de financement peuvent être d’autres institutions financières (Banque mondiale, Banque africaine de développement…), des coopérations dans un cadre bilatéral avec des pays apportant leur soutien à la Tunisie ou bien multilatéral (comme l’Union européenne…). L’accord du FMI donne le feu vert à d’autres bailleurs de fonds, qui considèrent le FMI à la fois comme un financement et un bureau d’études”.
Les raisons de ce montant et les conséquences de la note souveraine
Ce montant pouvant paraître moins important que celui attendu (entre 2 et 2,5 milliards $) a été déterminé selon des calculs précis et techniques. “Le montant alloué à la Tunisie a été déterminé selon les droits de tirage spéciaux auprès du FMI. 1,9 milliard $ représentent 275% des DTS de notre pays. Mathématiquement, nous ne pouvions pas espérer plus que deux milliards auprès du FMI”, déclare Hassan.
A la question de l’impact de la note souveraine de la Tunisie sur les accords présents et futurs, Mohsen Hassan répond: “Notre notation souveraine actuelle rend difficile l’accès à d’autres sources de financement. Cet accès pourrait être permis dans le cas de l’aval d’un pays ami et frère, comme l’ont fait les USA en 2013-2014”.
Les conditions de réussite
Au niveau des conditions de réussite de cet accord, Hassan explique que ce montant sera débloqué en tranches sur 48 mois en fonction de l’avancement et de l’implémentation des réformes mentionnées dans l’accord. L’accord ne peut réussir que si les bonnes réformes sont déterminées et appliquées. “La réussite et le retour de la confiance entre la Tunisie et les institutions sont conditionnés par l’implémentation des réformes. Ces dernières sont les mêmes depuis des années, à savoir les réformes de la caisse de compensation, des entreprises publiques, du marché parallèle, la réforme fiscale ou encore le rôle social de l’Etat. Ce n’est qu’en avançant dans ces réformes-ci qu’il sera possible de lever davantage de fonds: en effet, le même cadre d’avancée dans l’implémentation des réformes conditionne en grande partie les levées de fonds”.
Dans le prochain article, Mohsen Hassan donne ses recommandations pour une réussite des réformes et les perspectives de la Tunisie à l’horizon 2023-2024.