Après avoir abordé le montant et les conditions de réussite de l’accord avec le FMI dans un premier article, Mohsen Hassan détaille dans ce second article ses axes de travail pour un plan de réforme de l’économie tunisienne. A terme, ces axes de travail permettront d’avancer sur la résolution de la crise économique et même de progresser sur le chemin de la croissance.
Cinq axes pour cinq voies de développement
Mohsen Hassan divise les axes de travail en cinq points: le dialogue, la communication institutionnelle, la mobilisation des fonds, le rôle social de l’Etat et le rétablissement de la confiance. “Le dialogue doit être poursuivi entre les organisations nationales, la société civile et les économistes, universitaires, intellectuels; en d’autres termes, les têtes pensantes. Ces mêmes têtes pensantes doivent s’approprier ces réformes pour mieux les comprendre et les appliquer”.
Le point de la communication institutionnelle vise à faire connaître les réformes au grand public. Présentées de façon positive, leur importance à court, moyen et long terme convaincra les citoyens qu’elles sont dans leur intérêt et celui de leur entourage.
La mobilisation des fonds servirait à financer le programme de réformes. Mohsen Hassan aborde la question des entreprises publiques: “La restructuration politique et sociale des entreprises publiques demande une prévision de budget. C’est pour cela que le budget 2023 doit prévoir des ressources financières dans ce cadre”. Il ajoute la nécessité d’allouer un budget aux transferts monétaires pour les familles nécessiteuses et dans la classe moyenne. L’augmentation du coût de la vie rend l’impact de l’inflation très fort sur le pouvoir d’achat de tous les citoyens. Selon Hassan, la mise en place d’un identifiant unique va permettre de calculer ces transferts sur la base d’indicateurs économiques fiables.
Hassan appelle à renforcer le rôle social de l’Etat. La montée en flèche des pressions inflationnistes rend ces transferts d’argent indispensables. En parallèle, la réforme de la caisse de subventions aboutira à un meilleur ciblage et à une aide plus concrète aux personnes qui en ont besoin.
Enfin, un plan de relance économique sera implémenté pour assurer la survie et la continuité du tissu économique tunisien. Hassan synthétise: “L’ensemble de ces mesures permettra de rétablir la confiance des institutions et des gouvernements dans la Tunisie et de restructurer l’économie”.
L’analyse de l’accord par rapport à la position du FMI
Toutes ces recommandations sont théoriques. En pratique, le montant alloué par le FMI et la durée de remboursement sur 4 ans ont un sens pour Hassan. “Le montant est calculé en fonction des droits de tirage spéciaux. La période de quatre ans est assez longue, elle pourrait être plus réduite. Par contre, les modalités de l’accord montrent un certain manque de confiance du FMI envers les institutions tunisiennes. Cela signifie que l’on pourrait s’attendre à des visites de révision du FMI tous les trois mois. Étant donné que l’accord dépend de l’implémentation des réformes, la question est de savoir si nous voulons vraiment implémenter ces réformes douloureuses? A l’aube de la nouvelle année 2023 et de l’élection présidentielle de 2024, j’ai quelques doutes par rapport au président et à l’UGTT”.